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TNT SENSIBILISE AU HANDICAP DANS LE NOIR

Pratiques | publié le : 17.01.2012 | VÉRONIQUE VIGNE-LEPAGE

Face à la nécessité de sensibiliser davantage ses salariés au handicap, la société de transport express TNT a choisi d’organiser des événements propres à les faire réfléchir. Au siège de Lyon, il s’agissait d’une expérience dans le noir.

Pour les 5 000 salariés des 2 sites administratifs et 120 entrepôts de la société de transport express TNT, la fin d’année a été marquée par des « événements ». Thème commun : le handicap. « Grâce à l’accord de 2006, renouvelé en 2010, nous sommes passés dans cette période d’un taux d’emploi de travailleurs handicapés (TH) de 1,8 % à 3,26 %, explique Patricia Cacheux, responsable de la cellule handicap créée à la DRH. Mais deux diagnostics nous ont montré qu’il fallait aller plus loin. » L’un, conduit dans tous les services, a en effet révélé une méconnaissance de la cellule handicap. Quant à l’autre, un questionnaire téléphonique auprès de 60 des 166 TH, il montrait une peur des moqueries.

Non-voyant pendant une heure

Un jour de formation de chaque salarié (en interne et avec JLO Conseil) et l’envoi chez lui d’une plaquette d’information, avaient permis à d’autres de découvrir qu’ils pouvaient, eux aussi, demander une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé… Mais tous n’osaient pas le faire.

« Créer un événement permet de faire réfléchir et donne l’occasion d’une rencontre avec les membres de la cellule handicap », assure Patricia Cacheux. Le choix du type d’événement a été confié aux correspondants handicap, 9 salariés formés à ce rôle. Pour le siège France (Lyon), Amandine Garnier, correspondante handicap, a opté pour le Dark Lab. Imaginée par la société Ethik Event (également propriétaire de restaurants dans le noir), cette animation d’une journée consiste à faire expérimenter la cécité. Prévenus par une campagne d’affichage, les salariés quittent leur poste de travail pour une demi-heure.

Par petits groupes, ils entrent dans une pièce totalement noire en se tenant par l’épaule, mi-amusés, mi-inquiets. Guidé par une animatrice non-voyante, chacun prend place devant un comptoir, où celle-ci propose un jeu sensoriel : humer, puis manger divers produits et deviner ce qu’ils sont. Détente assurée, même si, de retour à la lumière, certains ont du mal à retrouver leurs repères spaciaux. « On ressent vraiment ce que vit un non-voyant, car il faut s’adapter », commente Nathalie Clémaron, venue avec ses collègues du service RH. Parmi eux, Frédéric Faye poursuit : « On communique plus facilement, on écoute davantage les autres. On développe aussi d’autres sens que la vue, comme l’ouïe, qui permet de deviner un sourire dans l’intonation de la voix. »

Une expérience, disent-ils, qui va les inciter à être plus attentifs aux besoins de collègues handicapés. « Le Dark Lab convenait bien pour le siège, car nous avions déjà une salle presque noire dédiée aux visioconférences, commente Patricia Cacheux. Et l’absence d’équipe de nuit rendait l’organisation plus facile dans la journée. »

Au siège international de Villepinte (93), l’intervention a pris la forme d’une pièce participative jouée par Théâtre à la carte, tandis qu’à l’entrepôt de Pierre-Bénite (Rhône), c’était un parcours sensoriel (circulation en fauteuil roulant, jeu de lecture labiale…). Ailleurs, une projection-débat ou une animation handisport ont été proposées.

« Le Dark Lab est cher par rapport aux autres événements, de l’ordre de 15 000 euros, mais nous parions sur son impact », conclut Patricia Cacheux, qui est en charge d’un budget handicap de 500 000 euros pour l’année.

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  • VÉRONIQUE VIGNE-LEPAGE