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ChineQUAND LA CHINE S’ÉVEILLERA À LA QUALITÉ

Pratiques | International | publié le : 17.01.2012 | ÉMILIE TORGEMEN

Un terrible accident de TGV a souligné le défaut de qualité de certaines productions chinoises. Conseil, formation, primes, méthodes d’amélioration continue : des entreprises commencent à mettre en place une organisation de la qualité.

L’été dernier, l’accident de TGV à Wenzhou, causant 40 morts, a constitué un électrochoc. Jusque dans le train rapide chinois, le fleuron de l’industrie, la qualité et la sécurité sont négligées ! « Tournons d’urgence la page du Made in China peu cher et de mauvaise qualité », ont alors exigé les éditoriaux des grands journaux du pays. Le président Hu Jintao le répète comme un mantra : il faut un « développement scientifique », pour que le pays change son modèle économique vers plus de valeur ajoutée et de qualité. Car le pouvoir est conscient que les défauts de qualité dévalorisent l’image du pays sur les marchés internationaux.

Nouveau positionnement

Du côté des entreprises, quelques pionniers suivent déjà ce conseil. Ainsi, Great Wall, l’un des plus grands constructeurs automobiles privés. « Nos voitures sont conformes aux normes européennes les plus exigeantes. Nous avons cinq étoiles selon les standards chinois, et avons reçu le premier prix Qualité national en 2001 », détaille Shang Yu Gui, vice-président qualité. Pour être vendus dans l’UE, les pickups et les minibus Great Wall doivent réussir 48 tests. Le constructeur a créé son propre laboratoire, soit un investissement de 3 milliards de yuans entre 2006 et 2010.

« Nous nous inspirons largement du toyotisme et du Six Sigma », confie Shang Yu Gui.

Du toyotisme, Great Wall a surtout retenu le principe d’amélioration continue. Pour impliquer les salariés, une prime allant jusqu’à 10 000 yuans est par exemple offerte à tout collaborateur qui apporte une idée susceptible d’améliorer la production. Cinquante primes de 5 000 yuans ont été attribuées cette année. Cinquante spécialistes se consacrent exclusivement à la qualité et, dans chaque atelier, 3 personnes sont en charge de la vérification, en plus du chef d’équipe. Des consultants indépendants passent deux ou trois jours chaque mois pour former les contremaîtres. « Nous voulons rompre avec le positionnement actuel des voitures chinoises connues pour leur bas prix et leur basse qualité », déclare Shang Yu Gui. Great Wall exporte aujourd’hui dans 100 pays.

À une autre échelle, Tansung (700 salariés), qui produit des ustensiles de cuisine à Shenzhen (Sud), a aussi fait le pari de la qualité. La province du Guangdong y voit d’ailleurs une usine modèle. Sous-traitant pour des grands noms occidentaux, l’entreprise veut devenir une marque à part entière sur le sol chinois.

Des produits conformes aux normes ISO

Le Pdg Lu Shen Zan confie qu’il a appris ce que signifie la qualité à travers les exigences de ses commanditaires étrangers. Une équipe de 50 personnes vérifie quotidiennement la qualité à l’arrivée des matériaux, sur la ligne de production, dans les entrepôts de stockage puis avant l’envoi au client. Plusieurs fois par an, le Pdg organise des formations : « Elles sont dispensées par des professeurs d’université ou en interne par nos employés les plus expérimentés. L’objectif est de couvrir tous les postes. » Des procédures qui lui valent d’être certifié ISO 9001, ISO 14001 et ISO 18001.

Sébastien Breteau, directeur d’AsiaInspection, une société de contrôle qualité basée à Shenzhen, relativise la tendance : « Dans le sud du pays, on trouve aujourd’hui des industries de très haut niveau, voyez les iPhone. Mais la Chine continue de fabriquer beaucoup de produits à faible valeur ajoutée, sans grand contrôle dans le Nord et dans l’Ouest. Le pays peut à la fois monter en gamme et continuer de produire le low cost. » Le Français a installé son activité parce que les donneurs d’ordre étrangers n’arrivaient pas à obtenir une qualité suffisante auprès des usines chinoises. Néanmoins, aujourd’hui, 20 % de ses clients sont chinois. Signe des temps.

Auteur

  • ÉMILIE TORGEMEN