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LE RENDEZ-VOUS DE LA FORMATION

2012 : l’alternance chute ?

LE RENDEZ-VOUS DE LA FORMATION | Enjeux | publié le : 17.01.2012 | LAURENT GÉRARD

L’année 2012 sera-t-elle celle de l’effondrement des contrats de formation en alternance – contrat d’apprentissage et contrat de professionnalisation ? C’est bien le sentiment qui ressort à la lecture de deux études récentes. Selon Perspective 2012 d’Agefos PME (1), seules 7 % des PME-TPE qui ont l’intention d’embaucher en 2012 (et elles ne sont que 15 % dans ce cas) comptent utiliser le contrat d’apprentissage pour mener à bien ce recrutement, alors qu’elles étaient 24 % de cet avis en 2010 pour 2011. De même, 3 % de ces entreprises envisagent d’utiliser le contrat de professionnalisation, contre 5 % en 2010 pour 2011. Ce sont donc respectivement des dégringolades de 70 % et 40 %! Autre étude : selon le baromètre de la fondation des Apprentis d’Auteuil (2), 40 % des chefs d’entreprise interrogés ont l’intention de moins recourir à l’apprentissage en 2012.

À quoi tient cette sinistrose ? « Au fait que les entreprises anticipent une année 2012 peu optimiste en terme d’activité, explique Laurence Carlinet, directrice du développement d’Agefos PME : 21 % la voient en régression, contre 12 % l’année précédente et, corolairement, seules 13 % la présentent à la hausse contre 24 %. » « Pour 63 % des chefs d’entreprise, la crise ne renforce pas leur intérêt pour l’apprentissage, confirme la fondation des Apprentis d’Auteuil. Le plus grave étant qu’en 2010-2011 l’apprentissage dans les niveaux supérieurs est en hausse de 5,7 % en moyenne, alors que celui des niveaux 5 connaît une décrue de 9,5 %. »

Un recul perturbateur

L’inquiétude est légitime, car une dégringolade des contrats de professionnalisation serait une catastrophe pour les Opca (dont Agefos PME, qui en réalise environ 20 % du total). Et ce recul serait également très perturbant pour le Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP), qui réalise une péréquation des fonds de professionnalisation entre collecteurs. Or, cette péréquation n’est accordée que si un Opca consacre au moins 51 % des ses fonds de professionnalisation au financement de ce type de contrat (le reste finançant les périodes de professionnalisation, les DIF prioritaires). Des fonds non consommés exacerberaient davantage encore l’actuel débat sur les rôles respectifs des partenaires sociaux et de l’État dans le pilotage de la formation professionnelle !

Une chute de l’apprentissage serait également une catastrophe alors qu’entre en application l’obligation d’emploi de 4 % d’alternant dans les entreprises de plus de 250 salariés, et qu’une réforme du financement de l’apprentissage prévoit d’augmenter progressivement la part du quota réservée aux formations en apprentissage, de 52 % de la taxe brute aujourd’hui à 59 % en 2015.

Des mesures jugées utiles

La loi Cherpion du 19 juillet 2011, qui vi­se à redonner du tonus à l’alternance, sera-t-elle d’un quelconque effet ? 54 % des entreprises interrogées par Ipsos pour Agefos PME jugent « utile » la possibilité pour le jeune en alternance de se partager entre 2 employeurs, dans le cas d’activités saisonnières notamment. Jugée utile également à 74 %: la possibilité pour le bénéficiaire de reconduire son contrat de professionnalisation sous certaines conditions. Utile encore à 69 %, la possibilité, pour les personnes ayant bénéficié d’une préparation opérationnelle à l’emploi, de les embaucher en contrat de professionnalisation ou d’apprentissage. Mais 52 % de ces mêmes dirigeants et DRH de TPE-PME jugent « inutile » l’abaissement à 14 ans de l’âge possible d’entrée en apprentissage.

Clairement, ce sont de très mauvais chiffres et des signaux de mauvais augure pour le gouvernement qui souhaite passer de 550 000 jeunes en alternance aujourd’hui à 800 000 à l’échéance 2015.

(1) Sondage Ipsos auprès de 550 dirigeants de TPE et PME du 18 au 30 novembre 2011 et rendu public mi-décembre.

(2) Sondage Ipsos réalisé par téléphone entre le 28 novembre et le 7 décembre 2011 auprès de 301 dirigeants de PME de 1 à 499 salariés et rendu public le 5 janvier.

Auteur

  • LAURENT GÉRARD