Le phénomène n’est pas nouveau, le chômage existe depuis très longtemps. Seule la période des Trente Glorieuses fait exception et explique que nous considérions aujourd’hui le chômage comme un scandale récent. En le replaçant dans une perspective historique, Yves Zoberman, ancien directeur de centre culturel français à l’étranger, spécialiste des questions d’intégration sociale, nous permet de porter paradoxalement un regard neuf sur ce chancre de la société contemporaine.

Le chômage actuel, qui touche quelque 205 millions de personnes dans le monde, doit être replacé dans un contexte où, du fait du progrès technique, le travail exige de moins en moins de facteur humain de production. Au-delà des solutions mises en œuvre pour tenter de résorber le chômage de masse – solutions dont on connaît maintenant la relative inefficacité dans une économie de marché –, la vraie question qui reste en suspens est celle de la solidarité qui permettrait de vivre honnêtement quand on ne peut pas vendre sa force de travail.

Le chômage de masse moderne, lié au fonctionnement d’une économie mondialisée fondée sur la technologie, ne saurait cependant être résolu par le retour à des solutions antérieures mais bien en prenant en compte la déconnexion partielle du travail et du revenu social. À côté de la compétitivité productive reste à mettre en place une compétition mondiale qui place l’homme au centre des modèles sociaux dans des structures collectives modernisées. C’est donc, selon l’auteur, le fonctionnement même de l’État providence qui est à revoir de fond en comble, en s’inspirant des pays qui ont réussi à juguler le chômage sans brader la protection sociale.

Une histoire du chômage

Yves Zoberman, Perrin, 350 pages, 22,50 euros.