logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Pratiques

DIX ANS DE POLITIQUE DE MIXITÉ CHEZ CAIB

Pratiques | publié le : 10.01.2012 | OLIVIER QUARANTE

Au cours des dix dernières années, la part des femmes est passée de 0 % à 27 % dans les effectifs de l’entreprise de menuiserie CAIB de Cholet (49). Les charges lourdes demeurent un problème.

Un contexte économique plutôt qu’une farouche envie de féminiser un effectif à 100 % masculin est à l’origine de la mixité aujourd’hui en place chez CAIB. Alors qu’au début des années 2000, pas une femme ne travaillait chez CAIB Menuiseries, elles représentent 27 % des 376 salariés (370 CDI et 6 CDD) fin 2011. « Le bassin d’emploi du choletais connaissait une situation de quasi plein emploi dans les années 1999-2000, se souvient Jean-Louis Bossard, délégué syndical CFDT. Lors d’un comité d’entreprise, la direction a expliqué qu’elle avait du mal à trouver des salariés. Des hommes, s’entend ! La menuiserie est un secteur d’activité où il n’y a pratiquement pas de femmes. Nous avons fait remarquer que des entreprises du textile et de la chaussure fermaient les unes après les autres. Ces licenciements touchaient essentiellement des femmes. Il y avait donc une piste à explorer. D’autant que certaines interventions en production demandent à être minutieux pour monter des petites pièces de quincaillerie. Ce que pouvaient faire ces femmes… »

Selon le responsable syndical, une petite année a été nécessaire pour recruter les premières femmes. La direction préfère intégrer des groupes de femmes pour « éviter qu’elles se sentent isolées », selon Murielle Moreau, responsable RH de CAIB.

Dans les ateliers de production, c’est une mini-révolution. Quelques-uns des salariés masculins ont du mal à avaler la pilule. « Encore récemment, un homme a lancé à une collègue femme : tu as voulu ton égalité professionnelle… Tu n’as qu’à te débrouiller toute seule ! Mais heureusement, ce type de réaction est resté assez rare », constate Jean-Louis Bossard.

Adaptation des postes de travail

Si la situation suscite désormais la fierté, l’intégration de femmes ne s’est pas faite du jour au lendemain. Notamment pour adapter les postes de travail. Il a fallu trouver des moyens pour aider à la manutention de matériel assez lourd. Un « bémol » toujours valable pour Murielle Moreau : « Certains de nos produits sont lourds. Nous ne pouvons pas mettre des femmes sur ces postes, au risque sinon de provoquer à terme des douleurs et des problèmes physiques. »

La mixité s’est élargie – avec des conditions de salaire équivalentes, selon la RH – depuis l’embauche des premières femmes. Il y a deux ans, deux femmes ont été nommées chef d’équipe. Un pas important. Et, en 2010, ce sont deux femmes qui ont été recrutées en tant que déléguées commerciales. Là aussi, il s’agit d’une avancée notable quand on sait que l’entreprise fait du négoce et a donc pour clients des professionnels du bâtiment. La prochaine étape de cette féminisation pourrait être l’arrivée de femmes dans l’atelier dit de menuiseries complexes. « Dans dix ans, toute l’équipe sera partie à la retraite… », remarque Jean-Louis Bossard.

L’accord sur l’égalité professionnelle, qui doit être signé avant la fin de cette année, pourrait comporter cet objectif. Quoi qu’il en soit, un accord sera trouvé tant la démarche, selon la RH, est désormais intégrée à la vie de l’entreprise.

Auteur

  • OLIVIER QUARANTE