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AllemagneDEUTSCHE BAHN OFFRE DU TEMPS DE LOISIRS À SES CADRES

Pratiques | International | publié le : 10.01.2012 | MARION LEO

Deutsche Bahn inaugure un congé sabbatique avec des facilités financières pour ses cadres. Et la compagnie ferroviaire aligne les mesures pour renforcer son attractivité.

Des congés sabbatiques pour cadres supérieurs, une chimère ? Non, une opportunité bien réelle, offerte par Deutsche Bahn (DB). Depuis le 1er janvier 2012, les cadres de la DB peuvent prendre un congé, d’une durée de six mois au maximum, afin d’avoir du temps « pour eux-mêmes, leur famille ou pour tout autre motif », tout en ayant l’assurance de pouvoir revenir à leur poste. « Nous sommes l’une des rares entreprises en Allemagne à le proposer », assure Ulrich Weber, directeur du personnel de la DB. Cette mesure s’adresse aux 3 000 cadres de la DB, directoire inclus. Elle résulte d’un souhait exprimé par les cadres eux-mêmes. Alors que les autres salariés de la Deutsche Bahn avaient déjà la possibilité de prendre un congé sabbatique par le biais de leur compte épargne temps, les managers devaient négocier au cas par cas.

Désormais, ils pourront s’appuyer sur un règlement explicite et collectif. Seule condition : que le cadre concerné trouve un remplaçant en accord avec son supérieur hiérarchique. Les coûts du congé seront d’abord pris en charge par la DB, puis remboursés, en l’espace de trois ans, par le cadre, qui pourra, pour cela, renoncer à une partie de son bonus annuel.

« Nous voulons ainsi renforcer notre attractivité en tant qu’employeur et offrir à nos cadres, déjà présents dans l’entreprise, un modèle pour mieux concilier vie professionnelle et vie privée, et faire face à la charge croissante de travail », explique une porte-parole.

Course aux talents

Cette initiative témoigne d’un changement de perspectives au sein des entreprises allemandes, induit par la course accrue aux talents au niveau mondial et la pénurie grandissante de main-d’œuvre qualifiée outre-Rhin. « Les entreprises doivent réfléchir à tous les moyens possibles pour rester attractives auprès des cadres, dont le nombre ne cesse de reculer », avertit Hilmar Schneider de l’Institut de recherche sur l’avenir du travail (IZA). La perspective d’un salaire élevé ne suffit plus pour attirer et garder les meilleurs talents, notamment parmi les jeunes. Les mesures pour mieux concilier travail et vie privée (temps partiel, télétravail, garde d’enfants, etc.) ne cessent de gagner en importance.

70 000 embauches

Mais l’offensive de charme de la DB auprès de ses cadres répond aussi à ses besoins particulièrement élevés en personnel. Après des années de restructuration et de réduction des effectifs, la compagnie ferroviaire (200 000 salariés en Allemagne et 100 000 à l’étranger), aujourd’hui en pleine expansion, compte embaucher plus de 70 000 salariés sur les dix ans à venir. Depuis l’été 2011, elle multiplie les initiatives pour se présenter comme un employeur attractif. En octobre, elle a lancé un programme pour faire passer de 21 % aujourd’hui à 25 % la proportion de femmes dans ses effectifs globaux. En novembre, elle a fait savoir qu’elle avait sensiblement augmenté son offre en places d’apprentissage (+ 24 % d’apprentis en 2011 par rapport à 2010). Enfin, la direction négocie avec son CE, depuis le printemps 2011, un accord innovant, baptisé “accord collectif sur l’avenir”, destiné à créer des conditions de travail permettant aux salariés d’évoluer durant leur vie au sein du groupe. L’accord doit être finalisé fin décembre 2012.

Semaine de 4 jours à Deutsche Telekom

La DB n’est pas la seule grande entreprise à faire les yeux doux aux cadres. Deutsche Telekom (DT) fait figure, à cet égard, de précurseur. À l’été 2010, le groupe téléphonique a exhorté ses cadres à recourir à ses nouveaux modèles d’aménagement du temps de travail, et notamment à la semaine de 4 jours. Selon Jürgen Kühn, directeur de projet chez DT, les cadres doivent servir d’exemple aux autres salariés en matière de temps partiel. Alors que seuls 16 cadres supérieurs de DT travaillaient à temps partiel en 2010, ils étaient 29 en 2011. Environ 80 cadres supérieurs ont signalé leur intérêt. Deux tiers d’entre eux sont des hommes.

Auteur

  • MARION LEO