Réussir est une ambition si répandue qu’elle a été érigée en dogme social. Tout le monde n’occupera certes pas la même position mais chacun dans une démocratie est supposé avoir des chances égales. Jean-Claude Seys, ancien Pdg de Maaf Assurances et fondateur en 2003 du groupe Covéa, après avoir rappelé les déterminants de la réussite professionnelle, souligne avec finesse que réussir ne revient pas tant à lutter contre les choses ni même contre les autres mais contre soi-même.

Inutile de perdre son temps à se lamenter sur son sort. Pour avoir une chance raisonnable de sortir du lot, il faut accepter des efforts sans fin et se soumettre à une autocritique incessante. Cela implique de renoncer aussi bien au confort peu glorieux de la résignation comme aux excuses d’un destin contraire. De plus, les individus qui prétendent réussir doivent se soumettre à cette gymnastique psychologique douloureuse qui consiste à dépasser ses propres contradictions internes. Chacun souhaite, bien sûr, beaucoup d’argent, de pouvoir et de la notoriété, mais sans contreparties. Sans renoncer aux petits plaisirs de la vie.

La leçon de ce livre est peut-être, au fond, de nous révéler non tant le secret de la réussite que la nécessité de reconnaître que très peu de personnes sont prêtes aux sacrifices qu’implique l’excellence.

Gagnants et perdants

Jean-Claude Seys, PUF, 180 pages, 20 euros.