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Enquête

UN INTÉRESSEMENT DURABLE QUI A FAIT SES PREUVES

Enquête | publié le : 20.12.2011 | CHRISTIAN ROBISCHON

En 2006, Sojinal, une PME du Haut-Rhin, avait fait le pari d’intégrer le développement durable à son accord d’intéressement. Six ans plus tard, ses indicateurs environnementaux étant au vert, elle se fixe de nouveaux objectifs.

À l’aube de sa sixième année, l’accord d’intéressement de Sojinal fondé sur des critères d’environnement confirme sa pertinence. Pionnière, la PME d’Issenheim (Haut-Rhin) qui fabrique des produits à base de lait de soja – non OGM ! – avait identifié le développement durable comme la meilleure clé d’entrée vers l’intéressement pour ses 82 salariés, parce qu’il exerce un impact direct sur l’activité : l’eau et l’énergie, par exemple, pèsent lourd dans le poste budgétaire d’une entreprise agroalimentaire. Aussi, leur réduction contribue-t-elle à améliorer la compétitivité.

Au total, Sojinal a instauré 11 critères, dont 7 sont d’ordre environnemental. Inchangés depuis l’origine fin 2006, ils concernent la consommation d’eau et d’énergie, la production de déchets, le gaspillage d’emballages, les pertes de liquide au moment du conditionnement. Les autres critères ont trait à l’absentéisme et au process industriel. La moitié de l’intéressement est versé de façon égale, l’autre au prorata du salaire.

Pour le directeur de l’usine, Jean-Claude Riedel, l’accord n’a pas spécialement « boosté » les actions environnementales, car celles-ci étaient déjà en place dans la PME, « mais il les a consolidées ».

D’année en année, Sojinal est parvenue à dégager un intéressement, sans déroger à la sévérité des critères qu’elle s’est elle-même fixés. « Nous n’en avons pas revus à la baisse pour arranger le personnel. Inversement, nous n’avons pas systématiquement révisé les objectifs à la hausse au fur et à mesure que les performances s’amélioraient. Le “toujours mieux, toujours plus” a ses limites », estime Jean-Claude Riedel.

Ambitieux mais réalistes

La dégradation d’un indicateur ne vaut donc pas sanction, dès lors qu’il reste dans l’objectif fixé. Par exemple, entre 2009 et 2010, la production de déchets banals (DIB) est remontée de 230 à 250 grammes par salarié, mais comme elle reste bien meilleure que le seuil de référence resté inchangé à 500 grammes, elle a compté dans le calcul de l’intéressement. Selon le directeur, les seuils fixés montrent leur pertinence, car ils sont souvent frôlés, dans le bon ou le mauvais sens : « Ils sont ambitieux mais réalistes. » Pour la consommation d’électricité, le ratio est fixé à 115 kilowatts par salarié, or la consommation effective est passée de 117 en 2010 à 113 en 2011. Pour la consommation d’eau, pas de chance : début décembre 2011, elle se chiffre à 3,52 m3/heure par salarié, alors que l’objectif est de… 3,50.

Sauf revirement ultime, ce critère s’ajoutera à trois autres qui n’auront pas été atteints en 2011 et donc ne pourront être pris en compte. Au final, l’intéressement devrait représenter l’équivalent d’un peu moins d’un mois de salaire. « On sera vers les trois-quarts de mois », juge le directeur.

De toute façon, il ne peut plus excéder un mois : l’instauration de ce plafond est la principale modification apportée par la première renégociation de l’accord triennal, fin 2009, alors que, cette année-là, la PME était parvenue à 2,2 mois de salaire. La crise n’y est pas étrangère. « Comme elle a aussi mis fin aux heures supplémentaires, j’ai indiqué au personnel que, s’il voulait améliorer sa rémunération, il lui restait le levier de la performance environnementale. L’effet a été immédiat », indique Jean-Claude Riedel.

Un peu effrayés, les actionnaires de la nouvelle maison mère américaine ont demandé à appuyer sur la pédale de frein. Mais Jean-Claude Riedel estime que les précédents propriétaires belges auraient eu une réaction similaire.

Satisfaction client

Un autre facteur est pris en compte depuis cette année : le retour client. Selon le nombre de plaintes de consommateurs, la somme finale peut être revue à la baisse par l’imputation d’un coefficient inférieur à 1. La règle vaut, quelle que soit la légitimité de la plainte. Mais sauf multiplication inhabituelle dans les prochains jours, elle ne s’appliquera pas en 2011.

SOJINAL

• Activité : production de lait de soja.

• Effectif : 82 salariés.

• Chiffre d’affaires : 28,5 millions d’euros prévus en 2011.

Auteur

  • CHRISTIAN ROBISCHON