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Enquête

LE VARIABLE BOOSTE LA DÉMARCHE RSE

Enquête | publié le : 20.12.2011 | C. F.

Rhodia introduit, début 2011, une part de rémunération variable répondant à des critères de responsabilité sociale et environnementale pour 3 000 managers et cadres de toutes ses usines.

Les 3 000 managers de Rhodia implantés en Europe, en Amérique du Nord, en Amérique latine et en Asie-Pacifique percevront 10 % de leur rémunération variable s’ils ont atteint des objectifs de RSE d’ici à la fin de l’année. Leur variable est désormais constitué de 60 % d’objectifs financiers, 30 % d’objectifs de performance individuelle et 10 % de critères de développement durable.

Sécurité au travail

L’entreprise ne partait pas de rien : parce qu’elle voulait lutter efficacement contre les accidents du travail, elle avait déjà lié 10 % du variable à la sécurité. « Un accident mortel provoquait la disparition automatique de 10 % du variable pour tous les cadres, relate Jacques Kheliff, responsable RSE de Rhodia. Et c’est arrivé en 2010 à la suite de la chute mortelle d’un salarié indien chez un sous-traitant, sur un site à l’arrêt depuis deux ans et en cours de démentèlement. »

Fin 2010, la décision est prise d’aller plus loin, car le référentiel RSE, Rhodia Way, a déjà quatre ans. « Les managers qui avaient eu le temps de bien intégrer la démarche pouvaient désormais être évalués sur leur contribution à son développement », indique-t-il. La condition “absolue” de l’absence d’accident mortel est maintenue. Autre condition non négociable : atteindre au moins le niveau 1 pour tous les items du référentiel Rhodia Way. Chaque business unit (en moyenne 700 salariés) s’est ainsi fixé des objectifs sociaux et environnementaux, en concertation avec la direction du développement durable. Pour chaque objectif, des indicateurs sont définis : « Les objectifs sont très différents d’une unité à l’autre et très en prise avec la réalité des sites, précise Jacques Kheliff. Cela peut par exemple concerner les impacts environnementaux, l’amélioration du climat social ou les relations avec les riverains, en passant par l’application de processus responsables pour l’innovation sur les produits. »

Cette démarche a d’ores et déjà donné un coup d’accélérateur au développement durable. « Certains ont fixé d’emblée des objectifs beaucoup plus ambitieux que nous ne l’envisagions. » Elle a aussi permis de réexpliquer aux moins ambitieux l’exigence de la démarche globale de RSE.

Les débats ont été intéressants, y compris sur les sujets environnementaux. « Cela a aussi fait ressortir la complexité de certaines questions, note le responsable RSE. Pour réduire drastiquement la consommation d’eau utilisée pour le refroidissement des installations, certains envisageaient de construire des tours aéroréfrigérantes. D’autres ont fait valoir que cela augmenterait la consommation d’électricité et que des colonies de légionnelles risquaient de s’y développer. La réflexion se poursuit pour trouver d’autres alternatives. »

L’évolution des indicateurs est suivie régulièrement. « Nous verrons en décembre si les objectifs ont été atteints et, s’ils ne l’ont pas été, nous regarderons pourquoi », ajoute Jacques Kheliff. Persuadé que ce nouveau mode de rémunération donnera plus de cohérence et de consistance à la RSE, il constate qu’il « améliore déjà l’autoévaluation, permet une déclinaison plus pointue du référentiel et renforce l’adhésion globale des salariés à la démarche ».

10 % de la prime d’intéressement

Cette adhésion apparaît forte en France. La preuve : ce sont les syndicats qui ont proposé que la prime d’intéressement soit en partie attribuée sur des critères de RSE, lors de la renégociation de l’accord en juin dernier. Désormais, 10 % de la prime sont corrélés à la progression des indicateurs du référentiel Rhodia Way. Et les salariés français sont tous intéressés à la performance sociale et environnementale. Une démarche plus complexe à décliner à l’étranger.

RHODIA

• Activité : chimie.

• Effectifs : 15 000 salariés, dont 4 800 en France.

• Chiffre d’affaires 2010 : 5,2 milliards d’euros.

Auteur

  • C. F.