La loi sur la représentativité syndicale du 21 janvier 2008 a profondément corrigé le fonctionnement de la vie syndicale. Pour la première fois, le législateur a habilité des organisations à concurrencer le fonctionnement législatif issu de la représentation populaire en exigeant l’aval des syndicats pour réformer le Code du travail. La contrepartie de cette mesure n’a pas été appliquée aux organisations patronales. Outre un problème d’équité, pour Éric Verhaeghe, ex-président de l’Apec et membre du Médef, cela pose la question de la représentativité des accords signés par le patronat. Concrètement, il est indispensable que soit clarifiée la légitimité des négociateurs. Tant que l’ensemble des questions relatives au travail restera dépendant d’édifices paritaires inventés au lendemain de la Seconde Guerre mondiale pour produire un consensus au niveau des branches, le déplacement du champ de la négociation vers les entreprises elles-mêmes ne sera pas possible. La démocratie exige un développement du syndicalisme fondé sur la transparence. La remise en cause du paritarisme permettrait parallèlement, selon l’auteur, de faire avancer la question de la protection du salarié tout au long de sa vie active, et d’élargir l’assiette de financement de la Sécurité sociale pour en apurer les comptes à des revenus autres que ceux du travail. Il est pour lui incompréhensible que les profits dégagés depuis vingt ans sur les marchés financiers ne servent pas, au moins en partie, au financement de la Sécurité sociale. De là à remettre en cause l’existence même du Médef issu d’une conception dépassée de la représentation patronale, il n’y a qu’un pas que l’auteur ne s’interdit pas de franchir.

Au cœur du Médef

Éric Verhaeghe, Éditions Jacob-Duvernet, 290 pages, 20 euros.