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Royaume-UniL’HÔPITAL VEUT PROTÉGER SES “WHISTLEBLOWERS”

Pratiques | International | publié le : 13.12.2011 | STÉPHANIE SALTI

À compter de 2012, des modifications dans la convention de la NHS, le service public de santé britannique, devraient permettre de protéger les salariés des milieux hospitaliers, dénonçant les abus et les manquements de leurs collègues auprès des autorités médicales.

« Il est inacceptable qu’un certain nombre de normes en matière de dignité et de soutien aux patients nécessitant d’être nourris ne soient pas respectées, s’est exclamé Andrew Lansley, secrétaire d’État à la santé en octobre dernier. Si les salariés de la NHS constatent des exemples de mauvais traitement, ils doivent dénoncer ces abus. » Et ce service public de la santé veut leur en donner les moyens.

Car un rapport publié à la mi-octobre par la Care Quality Commission, organisme en charge de vérifier la qualité des soins dans les établissements hospitaliers, a mis le feu aux poudres. Réalisée entre mars et juin 2011, cette étude, qui a porté sur 100 hôpitaux publics, a relevé de nombreux manquements en matière de respect des patients, âgés notamment.

Des conditions d’hygiène et de soins scandaleuses

Sujet sensible : durant la dernière décennie, plusieurs scandales ont fait la une des journaux britanniques, notamment celui de l’unité de soins de Staffordshire, où des centaines de patients étaient décédés, conséquence de conditions d’hygiène et de soins déplorables. Revenant sur ces faits tragiques, le ministre de la Santé a évoqué le développement d’« une culture de la crainte », qui avait empêché les personnels de dénoncer l’état de délabrement de l’hôpital.

Sur le mode du “plus jamais ça”, le ministère de la Santé entend favoriser le déclenchement d’alerte par les salariés (whistleblowing), entre autres en modifiant le réglement de la NHS dès le début 2012. La dénonciation d’abus fera ainsi partie des devoirs des personnels de la NHS et une sensibilisation des salariés est prévue pour encourager les dénonciations à un stade préliminaire. Selon les amendements au règlement, le management de la NHS devra aussi s’engager à soutenir ses salariés et à entreprendre les enquêtes nécessaires en cas de révélations de dysfonctionnements ou d’abus. Dans chaque établissement, les candidats au whistleblowing se verront offrir la possibilité de parler à une personne extérieure à leur équipe. Enfin, le nouveau règlement veillera aussi à assurer un surcroît de clarté aux droits protégeant les salariés de la NHS en cas de dénonciations.

Ces nouvelles mesures devraient permettre d’éviter le précédent de Margaret Haywood, une infirmière de 58 ans rayée du registre des infirmières en début d’année pour avoir révélé des négligences au Royal Sussex Hospital de Brighton, dans un documentaire télévisé de la BBC.

Si la majorité des observateurs ont applaudi l’initiative, certains ont cependant fait remarquer que le ministre de la Santé se contentait de mettre en lumière les problèmes sans apporter de solutions concrètes à leur règlement.

En particulier, concernant l’encadrement, l’enquête de la CQC a révélé un gros problème lié au leadership. Plus du tiers des 3 000 infirmières interrogées ont indiqué qu’elles avaient été découragées de faire connaître des dysfonctionnements, dans 73 % des cas par l’encadrement et dans 24 % par leurs collègues. Les plus téméraires ont témoigné que des actions immédiates n’avaient été menées que dans 20 % des cas et, pour près de la moitié, rien n’avait été mis en œuvre.

Le syndicat professionnel des directeurs d’hôpitaux a prévu plusieurs actions pour aider ses adhérents, comme des forums pour leur permettre de manifester leur engagement, des supports de communication, des guides des droits du whistleblower

Auteur

  • STÉPHANIE SALTI