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DES PSYCHOLOGUES ACCOMPAGNENT LES SOIGNANTS DE MAISONS DE FAMILLE

Pratiques | publié le : 13.12.2011 | MARIETTE KAMMERER

Le groupe gestionnaire de maisons de retraite a embauché un psychologue par établissement afin de réduire le stress et l’absentéisme de ses salariés.

Le groupe Maisons de famille, gestionnaire de maisons de retraite haut de gamme, a pris le parti, dès sa création, de recruter un psychologue à temps plein par établissement, ce qui est loin d’être la norme dans ce secteur. Ces psychologues consacrent 30 % de leur temps aux salariés : « Nos soignants sont inévitablement exposés au stress, car la majorité des patients sont atteints de la maladie d’Alzheimer et présentent des troubles du comportement, explique Séverine Gauthier, DRH du groupe. Or, le psychologue joue un rôle majeur de soutien des salariés et de prévention des risques psycho-sociaux. »

Le groupe a mis en place de vrais espaces d’expression pour les salariés. Une fois par mois, les groupes d’analyse de la pratique permettent aux soignants d’exprimer des situations difficiles vécues avec des résidents, de mettre de la distance et du sens sur ce qu’ils vivent, et d’échanger leur point de vue avec d’autres personnes. « Ces séances nous encouragent à ne pas rester seuls avec nos difficultés et à ne pas les considérer comme un échec, confie Fabienne Hamadi, aide médico-psychologique à La Cerisaie, près de Toulouse. La psychologue nous aide à trouver des solutions, des techniques de communication adaptées, et le seul fait d’être écouté permet de réduire le stress. » « La parole fait partie des bonnes conditions de travail, cela aide les professionnels à sortir la tête du guidon, à éviter les décompensations, ajoute Catherine Alexandre, géronto-psychologue à La Cerisaie. Mais c’est une démarche peu fréquente dans ce secteur. Souvent, les directions ne veulent pas dégager ce temps pour les soignants, car cela demande un gros effort d’organisation. »

Réunion de transmission quotidienne

Tous les jours, dans chaque établissement, le psychologue participe à la réunion de transmission avec le chef de service. Pendant une demi-heure, toute l’équipe des soignants se réunit pour faire un compte-rendu de la matinée, signaler les faits marquants et les difficultés de tel ou tel résident : « C’est aussi l’occasion de repérer le mal-être d’un soignant derrière son discours, par exemple quand il est confronté à une fin de vie », indique Catherine Alexandre.

Les psychologues proposent également des formations ponctuelles, sur la bientraitance ou sur telle ou telle pathologie, et jouent enfin un rôle de médiateur auprès des familles. « D’autres initiatives contribuent à prévenir le stress, comme les séances de massage sur les résidents et les soignants, ou encore l’accès à la salle de détente et d’éveil multi-sensoriel, destinée aux personnes âgées mais aussi apaisante pour les salariés », note Fabienne Hamadi.

Le groupe a instauré un baromètre du bien-être au travail, avec des questions sur l’organisation du travail, l’équilibre vie privée-vie professionnelle, la qualité des relations, les conditions de travail : « 85 % des salariés se déclarent satisfaits, c’est aussi lié à un ratio de personnel supérieur à la moyenne, qui allège la charge de travail pour les soignants », souligne la DRH.

« Il y a malgré tout un problème d’absentéisme lié aux accidents du travail, aux TMS, mais aussi au stress chronique et aux états dépressifs, observe Fabienne Hamadi, également déléguée du personnel. C’est un sujet de fond sur lequel un groupe de pilotage doit travailler d’ici à la fin de l’année. » L’absentéisme et le turn-over sont élevés dans la branche, autour de 12 %, et représentent 9 % dans le groupe Maisons de famille. « Nous avons fait beaucoup d’efforts sur les risques physiques. Nous travaillons maintenant sur notre plan d’action pour prévenir les risques psychosociaux », indique la DRH.

Auteur

  • MARIETTE KAMMERER