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Enquête

SALARIÉS HANDICAPÉS L’ENJEU DE LA FORMATION

Enquête | publié le : 13.12.2011 | Laurent Gérard

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SALARIÉS HANDICAPÉS L’ENJEU DE LA FORMATION

Crédit photo Laurent Gérard

Le faible niveau de formation initiale et continue constitue un second handicap qui s’ajoute à la déficience physique ou psychique initiale. L’accès des personnes et salariés handicapés à la formation représente un enjeu majeur pour obtenir un emploi de qualité.

Parmi les nombreux problèmes qui se posent aux personnes handicapées, leur faible niveau de formation ajoute de la difficulté à la difficulté. Ainsi, 81 % ont un niveau scolaire infra bac, contre 56 % pour l’ensemble des 15-64 ans ; et 51 % sont de niveau infra CAP-BEP contre 31 % pour les 15-64 ans. Conséquences : leur taux d’activité est de 46 % contre 71 %, et leur taux de chômage de 22 % contre 10 %. Or, comme le confirme la dernière étude OpinionWay pour Ares* auprès de 280 personnes handicapées, dont 81 % en emploi, rendue publique le 7 décembre, « sur la question des “points forts à posséder par une personne handicapée pour intégrer une entreprise classique”, le premier grand besoin s’exprime en termes de formations qualifiantes et d’accompagnements socioprofessionnels ; la capacité d’intégration de l’entreprise et la confiance en soi se plaçant au second et troisième rangs ».

Nouvelles aides Agefiph

Vu l’importance de la formation dans l’accès à l’emploi, il est à noter que, dès 2012, l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes ­handicapées (Agefiph) ne versera plus automatiquement ses aides, même si la formation va rester son premier poste d’investissement avec 29 % du budget. Pour les contrats d’apprentissage, elle supprimera les primes à l’employeur et à l’apprenti, mais maintiendra les dispositifs de développement, de tutorat et de suivi des apprentis. Pour les contrats de professionnalisation, elle appliquera une aide forfaitaire de 1 000 euros à la personne pour un contrat supérieur à douze mois, alors que ce montant était de 3 400 euros jusqu’à présent.

Les exemples présentés dans ce dossier montrent l’intérêt des politiques de formation et d’accompagnement socioprofessionnel développées par les entreprises, mais aussi par les associations professionnelles œuvrant dans ce domaine (Arpejeh, Tremplin, Hanvol, Passerelle…). Ces politiques sont porteuses d’enseignements et de savoir-faire en matière d’insertion que les entreprises apprécieront de posséder si elles se trouvent un jour confrontées au handicap psychique, une forme de handicap récemment reconnue et qu’elles ignorent largement (lire l’interview p. 31).

Sur le volet de l’emploi, 2011 restera comme une année particulièrement sombre pour les personnes handicapées. Selon l’Agefiph, 273 000 travailleurs handicapés étaient au chômage en juin dernier, soit 14 % de plus qu’un an auparavant, une hausse supérieure à celle constatée au sein de la population générale au cours de la même période (+ 4,3 %). En comparaison, entre le début de l’année 2009 et celui de l’année 2010, le nombre de demandeurs d’emploi handicapés avait crû de 9,5 %, contre une hausse globale de 18,2 %. La tendance s’est donc inversée : « Dans les premiers temps de la crise, les travailleurs handicapés ont bénéficié d’un mouvement de protection et sont moins sortis de l’emploi que les autres salariés. Malheureusement, ce phénomène se dilue dans le temps et lors des moments de reprise », analyse Pierre Blanc, directeur général de l’association.

Le CDI, contrat idéal

Selon l’étude OpinionWay-Ares : tous profils de salariés handicapés confondus, « les entreprises classiques disposent d’une valeur d’attractivité supérieure aux entreprises adaptées » (85 % contre 57 %). Pour les personnes handicapées en recherche d’emploi, elles restent « la norme socioprofessionnelle à atteindre ». Pour celles travaillent en entreprises adaptées et souhaitent rejoindre une entreprise ordinaire, celles-ci sont les seules à réellement proposer des niveaux de rémunération satisfaisants et des possibilités d’évolution professionnelle (ces attributs sont placés en tête de liste des ­motivations à intégrer une entreprise classique). Le CDI représente le contrat idéal. Même si son absence n’est pas déclarée comme un frein à l’acceptation d’un contrat de travail : l’essentiel restant a minima de travailler.

La dernière édition de la Semaine pour l’emploi des personnes handicapées (la 15e, qui s’est déroulée du 14 au 20 novembre) a bien sûr tenté de redresser la barre. Le bilan est positif, en termes de nombre d’actions : 418, soit 20 de plus qu’en 2010. Elles ont pris des formes diverses (handicafés, jobdating, job­studio, forums, handichats, réunions d’informations d’employeurs…), mais il faudra attendre plusieurs mois avant de pouvoir constater si elles sont suivies d’effets.

* Étude menée du 16 mai au 19 septembre 2011.

L’ESSENTIEL

1 Frein majeur à l’insertion des personnes handicapées : 81 % d’entre elles ont un niveau scolaire inférieur au bac, contre 56 % de la population de 15 à 64 ans.

2 Pourtant, la grande majorité des salariés handicapés souhaite travailler dans des entreprises classiques plutôt que dans des entreprises adaptées.

Auteur

  • Laurent Gérard