Depuis les années 1980, les modes de management se succèdent à grande vitesse avec un objectif commun : augmenter la productivité du travail tout en diminuant les ressources humaines. Si les grandes entreprises ont manifestement gagné au change, une chose est certaine : ces changements ont fortement pénalisé les conditions de travail avec les conséquences que l’on sait en termes de risques psychosociaux – troubles musculo-squelettiques, fatigue, dépression, burn-out, suicides…

Bizarrement, ces méthodes, toutes plus révolutionnaires les unes que les autres, ne reposent sur aucune base scientifique sérieuse et ne s’intéressent pas au travail réel effectué par les salariés. À eux de se débrouiller pour faire toujours plus avec moins, quitte à n’être regardants ni sur la qualité du service ni sur l’éthique. Ces méthodes de management fondées uniquement sur les résultats quantitatifs gagnent aujourd’hui le service public avec les mêmes conséquences que dans le privé sur le plan de la casse humaine.

Isabelle Bourboulon, journaliste spécialisée en économie de l’entreprise, s’est penchée à la fois sur la littérature managériale pour en dénoncer l’imposture et sur sa mise en application dans un certain nombre de grandes entreprises et de services publics.

Au terme du parcours, elle reste convaincue qu’un autre management est possible plus respectueux des hommes. Sauf à voir se creuser encore la défiance des salariés vis-à-vis de leur entreprise et croître la violence en situation professionnelle, c’est le travail et non les personnes qu’il est urgent de soigner.

Le Livre noir du management

Isabelle Bourboulon, Bayard, 290 pages, 19 euros.