Il n’est pas si fréquent de voir un accord d’entreprise impliquant deux directions générales et signé par cinq organisations syndicales sur six. À croire que la situation des conseillers bancaires à la Banque Postale, filiale de l’enseigne La Poste, était devenue un dossier brûlant. En signant le 5 septembre dernier un accord « sur les métiers de conseil bancaire de La Poste », les deux directions envoient un signe aux 10 000 salariés concernés, mais aussi à leurs managers. « Nous avions l’impression que la population du conseil bancaire avait peu de vision sur son avenir. L’esprit de l’accord est de redonner de la lisibilité, en s’appuyant sur des objectifs concrets », résume Chantal Barata, DRH de La Poste. À l’origine de cette mobilisation, la nécessité de répondre au malaise des conseillers bancaires : « Nous avions lancé en 2010 une grève qui a été très suivie, notamment par les vendeurs, qui se plaignaient de pressions managériales importantes et d’un manque de clarté sur leur évolution de carrière », explique Isabelle Fleurence, en charge du secteur Poste à FO Communication.

En amont de ce mouvement, d’autres éléments avaient alerté la direction : « Plusieurs sujets étaient remontés de notre Enquête pour agir en 2009 de la part des conseillers », raconte Chantal Barata. « Le système de rémunération était jugé trop complexe et les perspectives d’évolution professionnelle pas assez développées », ajoute Sylvie François, DRH de la Banque Postale.

À l’arrivée, le texte négocié avec les organisations syndicales met avant tout l’accent sur les parcours professionnels. Il s’agit tout d’abord de renforcer le recrutement interne pour les différents postes de conseillers (financiers, spécialisés en gestion de patrimoine, etc.) par des objectifs chiffrés sur deux ans. Ainsi, 50 % des postes de conseillers financiers devront être pourvus en interne, ce qui signifie des opportunités de promotion pour un gestionnaire de clientèle sur cinq.

L’originalité de l’accord consiste aussi à ouvrir des passerelles entre les métiers de la Banque Postale et ceux de La Poste. Les directions s’engagent par exemple à ce que deux tiers des postes de directeurs et directeurs adjoints d’établissement soient proposés d’ici à deux ans aux salariés issus du conseil bancaire. De même, les guichetiers de La Poste ont désormais accès aux métiers du conseil bancaire via une formation qualifiante ou une période de professionnalisation. Le texte crée également quatre parcours de formation permettant l’évolution au sein du conseil bancaire, de conseiller financier à conseiller clientèle par exemple.

Enfin, afin de favoriser la mobilité, l’accord prévoit que tout conseiller occupant le même poste depuis cinq ans se verra proposer une évolution s’il en fait la demande. « Reste à voir si la synergie entre les métiers voulue par l’accord va fonctionner », commente Isabelle Fleurence. « Tout va dépendre de l’appropriation du texte et des remontées des équipes opérationnelles », répond Chantal Barata. Outre la présentation de l’accord à tous les responsables territoriaux, la direction prévoit en décembre prochain de consacrer à la question un numéro entier du magazine interne. Un premier bilan de l’accord devrait être tiré dans un an. En attendant, les organisations syndicales se félicitent des avancées obtenues sur les conditions de travail (management, temps partiel, rémunérations). « Cet accord a créé une satisfaction sur le terrain », conclut Isabelle Fleurence.