Voilà une vérité qui fait plaisir à lire : la lecture de Zola et des grands écrivains vaudrait mieux qu’un cursus de MBA. Cela revient à dire que la bonne littérature nous en apprendrait davantage sur la manière dont fonctionne l’entreprise que les savoirs techniques du business. Sophie Chabanel, consultante en communication, se lance dans une démarche audacieuse pour améliorer l’intelligence du monde économique, en réhabilitant la culture classique dont on aimerait nous faire croire qu’elle ne sert plus à rien. Pourquoi, en effet, ne pas supprimer de l’enseignement académique la lecture de La Princesse de Clèves ? Textes à l’appui, l’auteur nous démontre que les grands auteurs de la littérature permettent, au contraire, de comprendre le monde entrepreneurial et financier. Ils en montrent les ficelles, aident à voir comment les personnes les tirent, permettent de décrypter leurs valeurs. Mais quel besoin de comprendre la logique économique, pourrait-on objecter ? Ne suffit-il pas pour réussir sa vie et s’offrir une Rolex avant 50 ans de la faire fonctionner à son profit ? A-t-on besoin de savoir comment sont faits un marteau ou une automobile pour s’en servir ? Dans ce cas, n’en déplaise à l’auteure, le mieux est peut-être effectivement de ne pas lire les auteurs qu’elle préconise. Cela pourrait semer le doute et distraire les bons esprits de la seule chose qui compte aujourd’hui : gagner beaucoup d’argent ! Cela pourrait même, qui sait, en “ruiner” ou en tout cas en compromettre sérieusement “l’intérêt”. Un conseil de bon sens donc : vous qui prétendez faire votre chemin dans la société libérale, ne lisez surtout ni ce livre ni les auteurs qu’il recommande. Quel que soit le plaisir que vous pourriez en tirer, celui-ci risquerait de vous détourner des valeurs sonnantes et trébuchantes.

Managers, relisez vos classiques ! Sophie Chabanel, Éditions d’Organisation, 260 pages, 25 euros.