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« L’État actionnaire doit accompagner les mutations, plutôt que maintenir l’emploi à tout prix »

Actualités | L’INTERVIEW | publié le : 29.11.2011 | ÉLODIE SARFATI

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« L’État actionnaire doit accompagner les mutations, plutôt que maintenir l’emploi à tout prix »

Crédit photo ÉLODIE SARFATI

E & C : François Baroin a déclaré le 22 novembre que l’emploi « ne sera pas une variable d’ajustement » dans les entreprises où l’État est actionnaire, autrement dit qu’il n’y aurait pas de licenciements. Quelle portée peut avoir ce type d’engagement ?

G. C. : En période électorale, il faut bien entendu faire la part des choses entre le discours et la réalité. Néanmoins, lorsque l’État est actionnaire majoritaire, il a de fait la main sur toutes les décisions, notamment la désignation du Pdg, et il peut laisser les directions d’entreprise plus ou moins libres d’agir. Dans les entreprises où l’État est minoritaire, il peut également imposer son point de vue, selon la structure du capital. On peut être actionnaire principal, même avec une participation réduite. Dans le cas de PSA, les moyens directs de l’État sont nuls, puisqu’il n’est pas actionnaire.

G. & C : Mais ces annonces sont-elles réalistes dans le contexte économique actuel ?

G. C. : Le premier problème, de fait, sera de savoir si toutes ces entreprises ont les moyens de faire face financièrement à ces prises de positions. Car maintenir l’emploi à tout prix peut se traduire par des licenciements brutaux plus tard.

Le second est de savoir si ce type de décision a du sens. Quelle vision de la stratégie du futur accompagne un tel discours ? Avoir une position uniquement défensive, comme celle exprimée par François Baroin, est perdant à moyen et long termes. Le rôle de l’État est de mettre en place une politique industrielle volontariste, dans le cadre d’une stratégie de long terme, et d’accompagner les mutations lorsqu’elles sont inévitables, pour éviter qu’elles soient subies par les personnes de façon dramatique. Dans le cas d’Areva, l’État s’est opposé à des suppressions d’emplois, mais la véritable question à se poser est celle de l’avenir de la filière nucléaire.

E & C : L’État actionnaire se comporte-t-il différemment d’un actionnaire privé ?

G. C. : Pas forcément. La différence, c’est que l’on attend de lui qu’il ait une vision stratégique à vingt, trente ans de l’avenir de l’activité, alors qu’un actionnaire privé sera davantage tourné vers la rentabilité à court terme.

Auteur

  • ÉLODIE SARFATI