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États-UnisLES ENTREPRISES SE METTENT AU “BYOD”

Pratiques | International | publié le : 22.11.2011 | CAROLINE TALBOT, GUILLAUME LE NAGARD

De plus en plus d’entreprises acceptent que leurs salariés travaillent sur leurs propres smartphone, PC ou tablette. Économique et tendance, mais pas sans risques pour la sécurité informatique et les RH.

C’est décidé officiellement : d’ici à la fin de l’année, IBM deviendra une entreprise “BYOD” pour 100 000 de ses salariés, puis pour 200 000 d’entre eux en 2012, soit la moitié de ses effectifs. BYOD ? L’acronyme anglo-saxon pour “bring your own device”, c’est-à-dire apportez votre propre matériel, résume une tendance de fond qui affole les directions de l’informatique et de la sécurité, mais aussi celles des RH et juridique des grandes entreprises. Mais le phénomène semble irréversible, indissociable de l’explosion du marché des smartphones et autres tablettes numériques. Aux États-Unis, 43 % des cadres utilisaient leur propre équipement en 2009, selon une étude de Gartner.

Fin du Blackberry de l’entreprise pour tous : le mouvement BYOD incite donc les salariés à utiliser leur téléphone, Ipad, PC, tablette… plutôt que des outils fournis par le service informatique. « Depuis bientôt un an, ce sont les cadres supérieurs qui poussent les entreprises à changer », explique Jonathan Dale, expert en marketing de la société Fiberlink Communications, éditeur de logiciels conçus pour faciliter l’adoption du BYOD.

Les raisons de l’engouement actuel ? Le sentiment de liberté et la satisfaction du choix pour les salariés, en particulier ceux de la génération Y, qui y voient un élément de l’attractivité de leur entreprise : « BYOD est un outil ­efficace au service des ressources humaines, signale Guillaume Le Tyrant, responsable marketing de l’éditeur de logiciels Citrix Systems dans le sud de l’Europe. Il est perçu comme un complément de rémunération, et c’est un moyen pour retenir les talents. »

À géométrie variable

Selon les statistiques de la société d’études Forrester Research, 59 % des entreprises américaines acceptent une certaine dose de BYOD. Kraft Foods, Netflix en font partie… en fait, toutes les grandes sociétés cotées s’adaptent. « L’adoption de BYOD est à géométrie variable, dit Scott Kraege, directeur de Mobi Wireless Management. Certains salariés en sont exclus, d’autres se voient offrir une prime pour acheter leur outil préféré, d’autres enfin disposent seulement du droit d’apporter au bureau leur propre téléphone et PC. »

Pour l’entreprise, le bénéfice, également financier, n’est pas négligeable : « Nous réalisons une économie de 20 % sur les PC », assure par exemple Guillaume Le Tyrant. Outre l’acquisition, le salarié n’a plus besoin d’être formé sur les équipements de la société et assure lui-même l’entretien de son matériel personnel.

Mais le système doit être encadré du fait des « craintes de piratage des données de l’entreprise », indique Scott Kraege. La société négocie avec ses salariés une charte des usages l’autorisant à détecter l’intrusion de virus et de logiciels malveillants dans les équipements. Les services IT doivent aussi pouvoir « effacer à distance les données sur un téléphone ou un Ipad, en cas de perte ou de vol », précise Jonathan Dale.

Risque de burn-out

Autre problème, le BYOD efface encore un peu plus les frontières entre la vie professionnelle et la vie privée. Certains médecins pointent des risques de burn-out pour des salariés devenus “addicts” du travail, mais aussi plus facilement amenés à régler des problèmes d’ordre extraprofessionnel sur leur lieu de travail, et finalement incapables de « déconnecter ». Sans compter les risques juridiques liés aux dépassements d’horaires et au paiement d’heures supplémentaires.

Que mettre dans une charte informatique ? Une référence à l’usage des outils de communication personnels doit-elle être intégrée au contrat de travail ? Faut-il restreindre les applications sur les matériels personnels ? Ou être incitatif, comme IBM, qui prend les devants avec sa plate-forme WhirlWind, où 400 applications de sociétés tierces sont approuvées pour téléchargement par les IBMers… Si le mouvement est irréversible, le terrain est encore bien glissant. Et il promet de longues séances de travail entre les services informatique, juridique et RH.

Auteur

  • CAROLINE TALBOT, GUILLAUME LE NAGARD