logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

LE RENDEZ-VOUS DE LA FORMATION

GPEC et territoires : des débats complexes

LE RENDEZ-VOUS DE LA FORMATION | Enjeux | publié le : 15.11.2011 | LAURENT GÉRARD

Comment penser et construire une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences au plus près des besoins des territoires ? Comment croiser les logiques économiques nationales et de branches avec les enjeux locaux d’emploi et de vie ? Quelle est la place de la formation professionnelle dans ces débats ? Telles étaient certaines des questions centrales abordées durant le séminaire Sémaphores-Groupe Alpha, organisé le 20 octobre ­dernier à Paris, et qui a rassemblé des représentants d’entreprises, de régions, d’administration centrale, des partenaires sociaux, des consultants…

Les enjeux de ce type de débat sont importants, car chacun comprend aujourd’hui que l’emploi ne se décrète pas d’en haut, et qu’il faut révéler la vigueur entrepreneuriale des “territoires” pour favoriser l’insertion professionnelle au plus près des lieux de vie. Mais qu’est-ce qu’un “territoire” et qui le pilote ? Ces deux interrogations majeures ont en effet traversé et structuré les débats : quel est le bon niveau d’intervention ? Qui doit être chef de file ?

La notion de territoire

Pour beaucoup, la notion de territoire signifie de prime abord l’échelon de la région administrative. Mais d’autres niveaux d’intervention - les départements, les villes, les intercommunalités, les bassins d’emploi… jusqu’aux bassins de vie - revendiquent aussi être un territoire pertinent pour développer une GPEC. Le débat n’est pas tranché et provoque des tensions entre les différents représentants.

Par ailleurs, la notion de GPEC territoriale n’est pas acquise pour tous. Ainsi, selon Jean-Christophe Sciberras, président de l’ANDRH : « Du point de vue des entreprises, la notion même de connexions entre entreprises et territoire ne va pas de soi. Déjà, hors de France, la notion de GPEC n’existe pas ! La formation professionnelle existe plutôt dans une logique d’entreprise que de réponse à des besoins territoriaux. » Ce à quoi Thierry le Paon, pour la CGT, a répondu que « certes, l’entreprise est globale, mais l’emploi est local. Les logiques de capitaux et de financements ne sont pas celles des hommes et des salariés, mais l’État n’a pas d’interlocuteur, pas de moyens, et les branches ne se parlent pas ».

Quel pilotage ?

La seconde question - qui est le chef de file ou qui pilote ? - est également centrale dans la mesure où, quelles que soient les limites du territoire défini, tous les acteurs sont susceptibles d’y intervenir : de l’État central au comité de bassin d’emploi, voire infra. Ce sujet soulève également des tensions entre les différents représentants. Pascale Gérard, vice-présidente Paca, a mis en cause à la fois « l’absence de stratégie industrielle de l’État », et « l’aspect trop centralisé du FPSPP ».?Ce à quoi Stéphane Lardy, secrétaire confédéral de FO, a répondu que les fonds du FPSPP n’étaient « qu’une toute petite partie de l’ensemble des financements de la formation professionnelle » ; et Anou­sheh Karvar, secrétaire nationale de la CFDT, a constaté de son côté que « la région n’était pas un lieu de décision de politique autonome, du fait, entre autres, des limites du dialogue social à ce niveau ».

Bertrand Martinot, délégué général à l’emploi et à la formation professionnelle, a, lui, justifié le rôle de chef de file joué par les préfets de région, mais il a reconnu aussi que leur rotation fréquente, tous les deux ans environ, ne leur permettait pas de s’inscrire dans la durée.

Quant à Philippe Caïla, directeur général de l’Afpa, il n’a pas hésité à rendre « hommage au travail d’évangélisation sur la formation professionnelle mené par les Opca ». Le débat, autant technique que politique, n’est bien sûr pas clos.

Auteur

  • LAURENT GÉRARD