« Ne pas faire des consultants une variable d’ajustement face à la demande des clients » : pour tenir cet engagement à un moment de croissance importante du cabinet (12 consultants embauchés en 2010), Laurence Saunder, gérante associée de l’Ifas (Institut français d’action sur le stress), a créé une fonction “développement des compétences”, fonction transversale assumée par un consultant du cabinet, Jérémie Clausse, qui y consacre 50 % de son temps : « C’est un double rôle de soutien et d’alerte, explique-t-il. Le soutien, c’est accompagner l’intégration des consultants par un programme important de formation et d’entraînement : nous estimons qu’il faut un à deux ans pour être totalement opérationnel. Quant à mon rôle d’alerte, il consiste à signaler toute difficulté à la direction – mise en place pré­maturée d’un consultant, surcharge de travail – pour qu’elle change la donne. » Ce que Laurence Saunder appelle du “feedback positif”. Il peut ainsi arriver que le cabinet donne plus de temps au consultant pour réaliser sa mission, temps pris sur la marge du cabinet. Autre possibilité : renégocier le contrat avec le client lorsque le travail du consultant est manifestement hors contrat.

Côté intégration, le cabinet ne lésine pas : les consultants passent une trentaine de jours en formation lors de leur première année à l’Ifas. Beaucoup de jeux de rôle, du travail sur la charge émotionnelle face à un groupe : « C’est une logique de préparation comme en sport ou en musique ; on fait ses gammes, on répète, on s’entraîne pour gagner en confiance et réduire le stress, c’est-à-dire l’appréhension et la charge émotionnelle », explique Jérémie Clausse.

À ces séminaires s’ajoute une formation terrain : le nouveau consultant accompagne un senior lors d’une mission récurrente, d’abord sans intervenir – phase d’observation –, puis en s’exposant de plus en plus. Selon Jérémie Clausse, le dispositif est extrêmement coûteux – l’équivalent de « quinze jours de business » –, mais il est adapté aux profils recrutés : peu de débutants cherchant une carte de visite mais d’anciens opérationnels RH, des psychiatres et psychologues, d’anciens consultants sur lesquels le cabinet investit « sur le long terme ». À noter aussi : la moitié des consultants sont des indépendants.

Une fois opérationnels, les consultants disposent de temps collectifs réguliers. Un moment de partage de pratiques : chaque consultant, référent dans un domaine (médiation, évaluation, stratégie managériale…), apporte au groupe un état de la réflexion sur le sujet pour faire progresser l’offre du cabinet. Un classique dans les cabinets conseil, mais souvent informel. À l’Ifas, il est organisé une fois par mois. Par ailleurs, une demi-journée mensuelle est consacrée par les consultants seniors à réfléchir aux pratiques et à résoudre les difficultés.

À chaque rentrée, enfin, un séminaire réunit l’ensemble du personnel, consultants et fonction support. Le but : recueillir leurs propositions d’amélioration de fonctionnement du cabinet. « Avec les consultants, nous avons décidé de mettre en place des process pour faciliter la transmission d’informations. Nous avons aussi demandé à bénéficier d’ateliers de gestion du stress, raconte Delphine Potel, assistante. J’en ai suivi, animés par des consultants extérieurs à l’Ifas pour des raisons déontologiques. Cela m’a appris à prendre du recul et permis de prioriser mes urgences. »

En experte du sujet, Laurence Saunder le confirme : « Le développement des compétences et le soutien social sont de puissants modérateurs de stress. »

• Activité : prévention des risques psychosociaux, management, coaching.

• Effectif : 40 salariés à temps plein et consultants à temps partiel.

• Chiffre d’affaires : 5,7 millions d’euros en 2010.