Extraordinaire machine à produire de la richesse, le capitalisme est devenu un système paradoxalement producteur de misère et de destruction. La chute de l’URSS en 1991 et la conversion de la Chine à l’économie de marché ont peu à peu anéanti toute autre logique économique. Cette conversion, d’abord positive car permettant théoriquement à de nombreuses populations d’atteindre la prospérité, s’est révélée un moyen d’autant plus redoutable d’exploitation des hommes et des territoires que personne ne semble plus entrevoir d’alternative.
Le capitalisme aujourd’hui tout puissant n’en finit pas de concentrer l’argent entre les mains de quelques-uns, rejetant non seulement les populations déjà pauvres dans davantage de misère mais également des travailleurs de nos pays dits riches dans les difficultés économiques, voire dans la précarité. Michel Beaud, professeur émérite d’économie à Paris 7, dénonce cette dérive, qui fait de la surconsommation une fin en soi dans le but d’enrichir ceux qui n’en ont nul besoin au détriment des populations. Pour lui, cette logique du gaspillage et du profit, dont on voit aujourd’hui toute la dangerosité, ne peut que se poursuivre dans la mesure même où son principe est le “toujours plus”.
Les régimes démocratiques eux-mêmes, non contents d’avoir perdu la main quand il s’agit d’en combattre les aspects sociaux les plus néfastes, semblent servir le monstre. Un engrenage apocalyptique, selon l’auteur, conduisant à un apartheid entre les riches et les pauvres à l’échelle planétaire.
Face au pire des mondes
Michel Beaud, Le Seuil, 300 pages, 20 euros.
