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Enquête

« Le développement de l’épargne retraite est une tendance de fond »

Enquête | publié le : 08.11.2011 | CAROLINE FORNIELES

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« Le développement de l’épargne retraite est une tendance de fond »

Crédit photo CAROLINE FORNIELES

E & C : Alors que la crise s’installe, comment voyez-vous l’avenir de l’épargne retraite ?

P. H. : La crise pèse bien sûr sur les possibilités des entreprises. Mais elle est conjoncturelle, et les employeurs voient ce sujet sur le long terme. Le développement de l’épargne retraite est une tendance de fond. Employeurs et salariés ont pris conscience que retraites obligatoires et complémentaires vont diminuer. D’ailleurs, les plans d’épargne pour la retraite collective (Perco) sont en forte augmentation en 2010, en nombre mais aussi en sommes investies, y compris dans les entreprises de taille moyenne. La réforme des retraites de juillet 2010 pourrait aussi contribuer à cet essor, notamment grâce à la possibilité de faire des versements libres sur les retraites à cotisations définies (article 83), mais aussi parce qu’elle pose le principe d’une épargne retraite accessible à tous. Les entreprises qui ont un régime “article 39” catégoriel doivent en effet ouvrir un régime “article 83” ou un Perco à tous leurs salariés avant le 1er janvier 2013.

E & C : Quels sont les freins au développement de l’épargne retraite ?

P. H. : L’augmentation du forfait social de 6 % à 8 % au 1er janvier 2012 brouille les pistes. Ce n’est pas tant la nouvelle hausse du forfait qui est problématique que les questions qu’elle pose : le forfait social va-t-il poursuivre son augmentation ? Jusqu’où ? Si on doit finalement arriver à des charges équivalentes à celles qui pèsent sur les salaires, ne vaudrait-il pas mieux le dire d’emblée ? Car, pour un entrepreneur, il n’y a rien de pire que des règles qui changent en permanence. À ce titre,la prime de partage des profits imposée brutalement a été aussi un élément de confusion. Elle a parfois même remis en cause des négociations sur l’épargne salariale. Dernier élément : il faut que les gestionnaires d’épargne retraite (assureurs et banquiers) améliorent l’information délivrée aux DRH, aux managers et aux salariés. Si elle est bien disponible en temps réel, elle manque parfois de clarté. Les formations au sein des entreprises sont essentielles. Les salariés, qui ne sont pas tous des spécialistes de la finance, doivent comprendre les risques que l’épargne retraite comporte. Ils doivent être accompagnés sur le long terme. C’est encore plus vrai au moment où la crise financière entame momentanément la rentabilité d’une épargne placée en actions.

E & C : Pour le DRH, quel est l’intérêt de se lancer dans ces dispositifs ?

P. H. : L’épargne retraite fait désormais partie de la politique sociale des entreprises au même titre que la mutuelle santé. L’existence d’un Perco ou d’un article 83 peuvent faciliter les embauches et fidéliser les salariés. Ces derniers comprennent désormais l’intérêt de cette rémunération complémentaire, même si elle est différée : pour un même montant mis sur la table par l’employeur, la somme perçue par le salarié est plus importante du fait de charges moindres. Mais les DRH doivent réfléchir à la nature de l’épargne retraite qu’il convient de mettre en place. Il n’est pas indispensable de collectionner la totalité des dispositifs. Un Perco peut être superflu si l’entreprise dispose déjà d’un régime article 83 ouvert à tous et d’un PEE qui permet déjà une sortie en capital. De même, si les niveaux d’intéressement et de participation sont faibles, est-il utile d’ajouter un Perco au PEE ? À l’inverse, quand on n’a pas d’article 83, alors le Perco est aussi une bonne solution, dès lors qu’on peut proposer un abondement attractif pour les salariés.

Auteur

  • CAROLINE FORNIELES