Plus qu’un particularisme organisationnel, le toyotisme est tout un symbole : celui de la sortie du fordisme des Trente Glorieuses, devenu inadéquat aux nouveaux modes de production et de consommation à partir de la fin des années 1970.

Fondé sur la flexibilité du travail, le juste-à-temps et la compétence des salariés, ce modèle de l’économie libérale pouvait-il résister à la crise des années 2008-2009 ? Surtout quand celle-ci s’est doublée, d’une part, d’une suspicion de malfaçon sur certaines pièces, qui a conduit l’entreprise à rappeler des milliers de véhicules, et, d’autre part, du tremblement de terre au Japon qui a paralysé les usines de fabrication plusieurs semaines.

Après une production tombée à la moitié de la normale en avril 2011, Toyota a réussi à revenir à sa production habituelle dès le mois de septembre suivant au lieu de novembre initialement prévu. Notons également que Toyota est le seul constructeur automobile à avoir traversé les turbulences économiques de ces dernières années sans l’aide des États.

Jeffrey Liker et Timothy Ogden, spécialistes respectivement du lean management et du leadership, expliquent comment l’entreprise a traversé ces trois crises successives en restant fidèle à ses principes. Et cela sans licencier ni mener à la faillite ses sous-traitants. La question étant de savoir si ce succès et cette fidélité à soi-même sont à attribuer à la vertu de la culture et des travailleurs japonais ou à la solidité du modèle. En tout cas, il est clair que, dans le cas Toyota, la constance permet à l’entreprise une vision stratégique à long terme, qui fait si souvent défaut à tant d’autres. Il semble donc bien que la logique entrepreneuriale soit finalement plus payante que la logique financière des actionnaires.

Toyota, un modèle de gestion de crise

Jeffrey Liker et Timothy Ogden, Pearson, 250 pages, 29 euros.