L’organisation apprenante, cette entreprise capable de s’adapter en permanence avec agilité et dynamisme, ne va pas éclore comme par miracle. Ce sont les individus qui créent cette transformation. Pour chacun, cela revient à se mettre en mouvement pour apprendre tous les jours quelque chose de nouveau.

« En gérant continuellement des imprévus, nous le faisons déjà ! », me direz-vous. Mais en réalité, face aux situations inédites, notre cerveau fonctionne sur une base de données d’expérience relativement rôdée. Nous croyons faire du neuf, alors qu’en fait, nous recyclons intelligemment des réflexes installés, accompagnés de leur lot de convictions. Apprendre, c’est tout autre chose. C’est adopter une posture de candide, d’explorateur, de non-sachant. C’est se mobiliser consciemment avec intérêt et enthousiasme pour découvrir ce que l’on ne connaît pas encore. Quelles en sont les bonnes pratiques ?

Observer avec davantage d’attention, comme le ferait un éclaireur en terrain nouveau. Ouvrir les yeux avec curiosité, s’imprégner des situations, prendre le temps de s’interroger. Poser des questions, c’est déjà explorer et vouloir approfondir.

Bien sûr, écouter se conjugue avec accepter d’entendre ce qui est dit. Face à mon interlocuteur d’aujourd’hui, comment suis-je en train d’écouter ? Distraitement, ou bien en pensant qu’il a tort, ou encore en critiquant ses marottes ? Pour apprendre des choses nouvelles à travers nos interactions avec les autres, mieux vaut pratiquer la suspension du jugement. Quand il n’y a plus d’espace pour les opinions différentes, déroutantes ou divergentes, la pensée se sclérose par manque de diversité. Comme en biologie.

Il est conseillé de suspendre également son besoin d’avoir raison. L’apprentissage n’est pas la résultante d’un débat d’experts, avec, d’un côté, ceux qui ont raison et, de l’autre, ceux qui ont tort. C’est un parcours entre personnes qui veulent progresser. Dans la réunion à laquelle je participe, suis-je en train de choisir le dialogue et l’ouverture ou suis-je tombé dans une argumentation destinée à prendre le dessus ? L’apprentissage se nourrit de simplicité, d’échanges et d’authenticité.

S’entourer de personnes qui sont meilleures que soi dans les domaines sur lesquels on veut progresser est un excellent accélérateur d’apprentissage. Faire partie d’un groupe de partage est également très efficace. Tous les mois par exemple, on se réunit pour échanger : « Qu’ai-je appris depuis la dernière fois ? Que suis-je en train d’apprendre ? » Avec sa collection d’expériences, la vie est un merveilleux terrain d’apprentissage, mais vivre cette dynamique en toute conscience fait progresser beaucoup plus vite. On comprend nettement mieux la valeur des tâtonnements, des essais et erreurs, et l’importance capitale de la pratique.

Enfin, à l’ère du numérique, l’apprentissage permanent se nourrit bien sûr de recherches Web, podcasts, flux RSS, webinars, forums communautaires, réseaux sociaux, blogs. La toile est comme une gigantesque université. Chacun peut se constituer des fichiers sur ses sujets d’intérêt, en y incluant des dessins, liens, vidéos, photos, mindmaps. Ce foisonnement d’informations nous rend humble, mais quelle fantastique fenêtre ouverte sur le monde !