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Royaume-UniDES CADRES DE GRANDES ENTREPRISES AU SECOURS DES QUARTIERS SACCAGÉS

Pratiques | International | publié le : 18.10.2011 | STÉPHANIE SALTI, À LONDRES

Après les émeutes du mois d’août, une dizaine de grandes entreprises britanniques ont décidé de prêter main-forte aux habitants des quartiers ravagés en détachant des salariés experts. Un projet de long terme.

Selon une étude publiée par Local Data Company, pas moins de 48 404 commerces et entreprises ont été affectés par les émeutes déclenchées au milieu de l’été au Royaume-Uni et plus particulièrement dans la capitale britannique, causant ainsi un manque à gagner significatif pour les commerçants des zones concernées. Il n’en a pas fallu davantage pour que l’association caritative Business in the Community (BITC), soutenue par l’organisme gouvernemental Office for civil society, lance une initiative pour venir en aide aux communautés frappées par les émeutes.

Les distributeurs alimentaires Sainsbury’s et Asda, de même que la société de restauration rapide Greggs, l’opérateur de télécoms BT ainsi que Royal Mail, la poste britannique, et cinq autres sociétés se sont joints à cette initiative en demandant à certains de leurs salariés – de préférence à des niveaux élevés dans l’entreprise, directeurs de projets ou encore responsables de magasins –, de venir prêter main-forte dans les aires touchées par les émeutes.

Engagement sur trois ans

Ces salariés, vingt au total, mettront ainsi au service de ces communautés leur expertise sur une période initiale de six mois – l’entreprise reste quant à elle engagée dans le programme pour une durée de trois ans – en s’attaquant tout particulièrement à des problèmes tels que l’absence de connaissance du monde de l’entreprise, les faibles niveaux d’éducation ou encore le chômage.

Mais avant d’être lâchés dans la nature, ces salariés ont dû passer par une formation préalable auprès du BITC : « Nous avons développé plusieurs modules, explique Matt Cooke, directeur de campagne en charge de l’investissement économique et social auprès du BITC. Nous nous assurons notamment que ces personnes soient capables de communiquer sur le monde de l’entreprise mais aussi sur les possibilités d’emploi dans ces quartiers. »

Ces salariés, que l’association appelle des business connectors, sont en contact permanent avec un coordinateur régional du BITC, qui leur fixe des objectifs à atteindre : « Le recrutement de ces personnes incombe à la fois à l’entreprise partenaire, qui continue à les rémunérer, ainsi qu’à notre équipe, explique Matt Cooke. Nous disposons d’un descriptif très précis concernant les personnes que nous souhaitons recruter, et nous envoyons ce référentiel à l’entreprise. Laquelle, par une procédure de recrutement interne, sélectionne un certain nombre de candidats et nous en fait part. Les profils sélectionnés sont toujours de très bon niveau. »

L’idée de ces business connectors n’est pas nouvelle et le BITC avait déjà engagé une consultation en décembre 2010 sur le rôle à tenir par l’entreprise et ses salariés dans le projet plus large de Big Society (littéralement grande société) lancé par le gouvernement de David Cameron et destiné à encourager les citoyens à prendre en charge le fonctionnement de la sécurité dans leurs quartiers ou encore le fonctionnement des écoles ou des hôpitaux.

Les initiatives en ce sens ont déjà donné de très bons résultats : le responsable de la chaîne de sandwichs Greggs ainsi qu’une jeune recrue ont mené de concert une entreprise de business connector dans la ville de Teesside, très touchée par le chômage, dans laquelle la jeune femme est parvenue à transformer une série d’espaces commerciaux vides en un véritable hub entrepreneurial ouvert aux start-up locales. Le succès de ces initiatives a même conduit le gouvernement Cameron à solliciter du BITC le recrutement et la formation de quelque 1 000 business connectors au cours des trois prochaines années, au travers non seulement de détachements de personnels des entreprises mais aussi au travers de la création d’un réseau national de connexion d’entreprises.

Auteur

  • STÉPHANIE SALTI, À LONDRES