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NORAUTO TESTE LA FIN DES 35 HEURES

Pratiques | publié le : 18.10.2011 | STÉPHANIE MAURICE

Dans huit centres, les salariés volontaires expérimentent sur six mois un nouvel horaire hebdomadaire de 37 heures. Ce qui permettrait de simplifier l’organisation des équipes et des plannings.

Norauto teste un changement du temps de travail dans huit de ses magasins : 37 heures par semaine avec 12 jours de RTT, plutôt que les actuelles 35 heures annualisées. L’enseigne spécialisée dans l’entretien des voitures et la vente de pièces détachées, filiale du groupe Mobivia, a commencé l’expérimentation le 1er juin et devrait la terminer le 31 décembre. Elle concerne les employés et les agents de maîtrise non cadres. Surtout, elle ne remet pas en cause pour l’instant l’accord sur les 35 heures d’avril 1999. Les syndicats ont refusé la signature d’un projet d’avenant qui le modifiait, mais ont accepté l’idée du test, à condition que le personnel concerné soit volontaire. « La direction veut faire sauter la contrainte des 25 semaines de quatre jours », instaurées en compensation de l’annualisation du temps de travail, explique Alain Monpeurt, délégué syndical central CFE-CGC.

Planification de dernière minute

À Norauto, outre ces 25 semaines réduites, l’accord de 1999 prévoit pour les non-cadres 5 semaines de 6 jours de travail hebdomadaire. Les semaines restantes dans l’année comportent cinq jours de travail. Laurent Despres, délégué syndical central CGT, le reconnaît : « Ces semaines de quatre jours ne sont pas faciles à placer pour les managers : il n’est pas évident d’avoir une vision sur le calendrier à l’année, car il y a beaucoup d’aléas dans notre métier. Par exemple, l’année dernière, l’hiver a commencé tôt, et on s’est retrouvé avec des effectifs insuffisants en magasin. » La conséquence ? Les semaines à faible activité ne sont pas choisies par les salariés, mais imposées, avec une « planification souvent à la dernière minute, qui ne leur convient pas forcément », estime le syndicaliste.

Il approuve l’idée d’une remise à plat des 35 heures dans l’entreprise : « La direction des ressources humaines a mené un sondage anonyme au niveau des centres Norauto, et les gens se sont beaucoup plaints de cette organisation du temps de travail. » Il voit donc ce test comme l’occasion « de s’asseoir autour de la table pour remettre à plat l’accord. » Et obtenir que les salariés puissent avoir le choix de leurs jours de congés.

Inquiétude chez les cadres

Le débat porte moins en effet sur un temps de travail calculé hebdomadairement ou annuellement que sur le nombre de jours non travaillés. Sylvestre Aïssi, délégué central CFDT, tient à préserver les 25 semaines à quatre jours, qu’il trouve plus intéressantes que les 12 jours de RTT proposés. La CFE-CGC s’inquiète pour les cadres, qui ne sont pas concernés pour l’instant. Elle craint, en cas d’adoption des 37 heures, que la direction ne leur demande de s’aligner. Ils ont droit aujourd’hui à 18 jours de RTT pour un temps de travail théorique de 38 heures par semaine. Selon Alain Monpeurt, travailler une heure de moins par semaine, pour six jours de RTT en moins, n’a pas grand sens pour eux, car « les cadres ne comptent pas leurs heures ».

Sylvestre Aïssi juge de son côté que l’entreprise « n’a plus intérêt à poursuivre les 35 heures, car elle ne touche plus de subventions » de la part de l’État. Alain Monpeurt ajoute : « La direction voit dans le passage à un temps de travail hebdomadaire fixe la possibilité de défiscaliser les heures supplémentaires, en embauchant moins d’intérimaires pour favoriser les salariés actuels. »

Horaires décalés

Les syndicats attendent tous le bilan de l’opération. Roland Michelin, secrétaire du CE (CFE-CGC), s’est rendu à Charleville-Mézières, l’un des centres pilotes courant juin, au tout début du test. « Les salariés ont une opinion mitigée », constate-t-il. Car cette nouvelle organisation entraîne apparemment une plus grande flexibilisation des horaires quotidiens, modifiés d’un jour à l’autre. « Cela permet au directeur de mieux organiser son planning, mais les salariés doivent travailler en horaires décalés et trouvent qu’ils sont plus souvent seuls dans le magasin. »

Sollicitée, la direction de Norauto n’a pas souhaité commenter cette expérimentation.

Auteur

  • STÉPHANIE MAURICE