La Nation a d’abord reconnu l’égalité de tous les citoyens au regard de la loi avant de prendre acte du fait qu’étant tous différents, cette égalité abstraite pouvait conduire à de grandes inégalités dans les faits. Le principe de non-discrimination a ensuite institué une indifférence de la loi au regard des distinctions d’origine, de race, de sexe ou de religion. Ce n’est qu’assez récemment que ce droit à l’indifférence a cédé la place au “droit à la différence”, censé garantir l’effectivité de l’égalité. L’égalité se veut alors correctrice et le législateur sort de sa neutralité pour accorder des droits catégoriels à ceux qui en ont besoin. Dans le monde du travail, les différences de situations perdurant en fonction du genre, de l’origine sociale, ethnique ou religieuse, montrent que l’égalité de fait est loin d’être encore acquise. Christophe Radé, professeur à la faculté de droit de Bordeaux, spécialiste du droit du travail, montre que, s’il appartient au législateur d’interdire les discriminations et de réprimer les abus, il appartient aux partenaires sociaux de défendre et de promouvoir les travailleurs les plus vulnérables, dans un cadre qui, pour être pertinent, doit maintenant se situer à l’échelle européenne. L’auteur souligne au passage les dangers inhérents au contrat de travail qui lie également le travailleur et son employeur, alors même que la relation d’emploi est forcément très inégalitaire. À travers un examen attentif des évolutions du droit du travail et de la jurisprudence, il montre les jalons de ce cheminement vers une égalité concrète et ce qui reste à parcourir.

Discriminations et inégalités de traitement dans l’entreprise

Christophe Radé, éditions Liaisons, 220 pages, 29 euros.