Pour gagner en efficacité, le producteur de boissons Pepsico et son logisticien STEF-TFE rapprochent leurs salariés et développent ensemble leurs ressources humaines. La CGT n’est pas convaincue par cette initiative.
D’un côté, le groupe alimentaire Pepsico, sa culture d’entreprise “jeune”, sa croissance française de plus de 10 % par an et, à Hermes, dans l’Oise, son usine de jus de fruit, 135 salariés. De l’autre, au Plessis-Belleville, à 60 km de là, l’entrepôt – 104 salariés – de STEF-TFE, leader européen du transport frigorifique, où sont centralisés les cartons de bouteilles de jus de fruit avant leurs livraisons dans toute la France.
« L’idée nous est venue lors du renouvellement du contrat de transport, raconte Delphine Dupuis, DRH à Pepsico France. Pour optimiser la productivité tout en travaillant mieux ensemble, pourquoi ne pas partager nos savoir-faire sur la motivation et l’engagement des équipes ? »
Vincent Fromage, directeur commercial de STEF-TFE, analyse autrement le marché passé, depuis, entre les deux entreprises : « Pepsico désirait stabiliser ses frais de logistique. Nous, nous voulions conserver notre client. Nous lui avons dit : pour que nous puissions améliorer notre productivité, il va falloir nous aider sur la manière de le faire avec nos équipes respectives. »
Le 28 juin dernier, les deux sociétés ont signé « une convention de croisement de compétences RH dans le domaine de la supply chain ». À l’honneur en 2011 de ce programme de trois ans : la formation et la sécurité. Un jeu de société, outil d’apprentissage créé par STEF-TFE pour enseigner les exigences du travail sur plate-forme logistique, a été modifié en accord avec Pepsico pour s’étendre à la chaîne logistique du jus de fruit. Les nouveaux embauchés vont y être soumis dans les deux entreprises. La lecture, l’écriture, le calcul, le repérage dans l’espace vont être retravaillés dans les deux entreprises, selon la méthode de STEF-TFE, plus avancée sur ces sujets. À l’inverse, STEF-TFE va s’inspirer du “challenge sécurité” de Pepsico France dans son entrepôt. « Le management de Pepsico est plus efficace que le nôtre sur ces questions-là », note Céline Liégent, DRH de STEF-TFE.
En 2012 et 2013, les deux sociétés s’intéresseront davantage à la qualité du management et aux conditions de travail afin de motiver les équipes dans la durée. Il sera question de communication interne et, à STEF-TFE, d’adaptation du “bien-être au travail” développé chez Pepsico. Il s’agira d’ateliers sur la nutrition, d’équilibre entre vies professionnelle et personnelle ou de sport, d’activités créatives et de quarts d’heure de relaxation.
Une réalité bien éloignée de celle de STEF-TFE, où dépoter des palettes de cartons de bouteilles de jus de fruit pesant de 6 à 12 kg éprouve les dos. Or ce travail est confié à une petite équipe d’intérimaires, rejoints depuis peu par deux “embauchés”. Dans ces conditions, la CGT, syndicat majoritaire à l’entrepôt du Plessis-Belleville, qui n’a pas été informée de la convention entre le logisticien et son client, doute qu’elle change grand-chose. Qu’il soit même question de formation pour des intérimaires qui, compte tenu de la difficulté du travail, changent tous les six mois.
→ Le 28 juin dernier, une journée porte ouverte aux salariés de Pepsico France a été organisée à l’entrepôt STEF-TFE du Plessis-Belleville. Un film sur la logistique du jus de fuit a été projeté aux salariés de STEF-TFE. Ils en ont bu. Ils ont vu l’importance de la chaîne du froid pour le conserver. De leur côté, les logisticiens de Pepsico ont pris conscience de la quantité de marchandises traitées par STEF-TFE. « Nos personnels se comprennent mieux, ils partagent le suivi des indicateurs de qualité logistique. Plus fondamental encore, les salariés de STEF-TFE développent une fierté de travailler pour les marques de produits frais de Pepsico », indique Céline Liégent, DRH de STEF-TFE.
