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Enquête

LES CADRES POINTENT AUSSI

Enquête | publié le : 11.10.2011 | E. S.

Les temps de repos des cadres au forfait-jours sont vérifiés par un système de badgeuse. Une sécurité qui doit être complétée par des entretiens individuels mieux formalisés.

Faire pointer les cadres au forfait-jours ? C’est l’option choisie par le groupe Bosch, depuis l’application d’un accord conclu en octobre 2008 avec la CFE-CGC, FO et la CFTC, qui régit l’application des forfaits sur ses sites français. Celui-ci prévoit une durée minimale de repos quotidien de 12 heures. Et pour vérifier que personne ne déroge à cette limite, l’accord prévoit donc de faire badger les quelque 2 000 cadres concernés deux fois par jour, à leur arrivée et à leur départ de l’entreprise. Et, si le temps entre deux pointages est inférieur à 12 heures, un mail automatique est envoyé au cadre et à son manager.

Cette disposition a dû être expli­quée aux intéressés, relate Domi­nique Olivier, DRH du groupe : « Certains l’ont perçue comme du flicage. Nous avons communiqué envers eux pour rappeler qu’il ne s’agissait pas de contrôler leur temps de travail, mais bien de mesurer leurs temps de repos. »

Repérer les risques

D’ailleurs, l’accord précise bien que « toute journée où un enregistrement sera effectué sera comptabilisée comme une journée de travail », sans minimum de temps. Il prévoit de plus des plages fixes pour l’organisation des réunions internes, qui ne doivent pas commencer avant 8 h 30 ou se terminer après 18 h 30. Le pointage n’est déployé sur l’ensemble des sites que depuis le début de l’année, précise le DRH, qui n’a donc pas établi de bilan global, mais envisage de conduire une analyse plus précise des données, afin d’être en mesure de repérer les situations à risque. « Des temps de présence anormalement élevés peuvent s’expliquer, par exemple, par un retard dans des essais, nécessitant un coup de collier ponctuel. Mais si ces situations se répètent, à l’échelle individuelle ou d’un service, ce sera le signe qu’il y a un problème de charge de travail. »

Sur le site de Drancy, ce suivi est déjà opéré : « Tous les mois, nous vérifions en CE combien de cadres badgent deux fois par jour, et si les temps de repos sont respectés », indique Bernard Carroit, délégué central CFE-CGC, qui voit dans la badgeuse une « sécurité ». Verdict : le pointage finit par entrer dans les habitudes et quelques débordements « exceptionnels » ont pu être tracés.

Mais le syndicaliste souligne aussi les limites de l’outil : « Certains salariés continuent de travailler le soir de chez eux, et nous n’avons pas de visibilité là-dessus. Et dans les sites de production, certains managers, qui encadrent plusieurs équipes, doivent parfois être présents de 7 heures à 19 heures. Pour eux, le forfait-jours a étendu les horaires de travail. »

Impératifs de service

Pour Dominique Olivier, les « excès » éventuels ne concernent pas tant les cadres en usine que ceux des services supports, commerciaux ou de R & D : « Certains sont en liaison avec d’autres pays sur plusieurs fuseaux horaires et ils sont confrontés aux problèmes de transport de la région parisienne. Tout ceci peut perturber les charges de travail et les temps de repos. » Ce qui ne s’apprécie pas par la badgeuse, poursuit-il : « Une personne qui, régu­lièrement, se reposerait 12 heures seulement entre deux journées, travaillerait in fine 60 heures par semaine. Ce qui est conforme aux limites posées par l’accord, mais n’est pas raisonnable. Il faut donc ménager un espace pour que le salarié puisse dire s’il est en surcharge ou pas. » À cette fin, le DRH va ajouter une annexe aux entretiens d’évaluation, afin de mieux formaliser les éléments touchant à la charge et à l’organi­sation du travail, aux temps de repos et à l’équilibre entre la vie personnelle et la vie professionnelle.

BOSCH FRANCE

• Activité : fabrication industrielle (équipement automobile, outillage, électroménager, bâtiment…)

• Effectif : 8 400 personnes en France.

• Chiffre d’affaires 2010 France : 3 milliards d’euros.

Auteur

  • E. S.