logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

LE DÉLICAT CADRAGE DES AMPLITUDES

Enquête | publié le : 11.10.2011 | E. S.

Chez Parkeon, les heures quotidiennes de travail dépassant 10 heures d’amplitude doivent être récupérées. Mais leur décompte fait débat, surtout pour quelques non-cadres itinérants.

La règle est rappelée dans l’accord d’entreprise, mais aussi dans les conventions individuelles de forfait-jours : les salariés de ce concepteur et fabricant de parcmètres doivent “veiller” à ne pas dépasser une amplitude de 10 heures par jour. Toutefois, des dépassements jusqu’à 12 heures sont possibles pour tout ou partie d’un service, avec l’accord de la hiérarchie et du service du personnel. Des exceptions limitées à 2 semaines consécutives et 8 semaines par an, et compensées par une journée de repos par semaine de forte amplitude travaillée.

De même, le travail du samedi, limité à 8 samedis par an, donne droit à des récupérations spécifiques.

Une souplesse nécessaire

« Nos métiers sont des métiers de projet, explique le DRH Stéphane Blanchier. Quand nous gagnons un appel d’offres, cela entraîne une charge de travail et des contraintes importantes pour rendre le projet en temps et en heure. Lorsque nous développons des logiciels, nous ne sommes pas à l’abri de bugs à traiter. » D’où la nécessité de cette souplesse, et de son encadrement, pour lequel « le manager a un rôle clé », estime le DRH.

Pas suffisant, de l’avis d’un syndicaliste, qui constate que « seuls les samedis travaillés sont tracés, mais pas les journées excédant 10 heures d’amplitude ». Le DRH admet qu’il faudra « sans doute suivre les amplitudes de manière plus rigoureuse, mais sans revenir à un décompte horaire ».

Extension du forfait-jours aux non-cadres

Sur un effectif total de 700 salariés, outre les cadres des fonctions R & D et commerciales (environ 200 personnes), une trentaine de techniciens du service clients sont en forfait-jours. L’extension de ce décompte à ces non-cadres est justifié, selon Stéphane Blanchier, par « la très grande liberté dont ils bénéficient. Ils n’ont pas de planning imposé. Cette autonomie fait partie de l’attrait du métier, ces techniciens y sont très attachés. De plus, en passant au forfait-jours, ils bénéficient des dispositions de la convention collective des cadres et ingénieurs, hormis pour la rémunération ». Celle-ci ne peut être inférieure au minimum conventionnel plus les primes d’ancienneté, le tout majoré de 30 %. Une forme de reconnaissance par le statut en somme, qui n’emporte pas l’enthousiasme de la CFDT – le syndicat revendique un niveau de salaire équivalent à celui des cadres.

De plus, si le syndicat juge positif le fait de prévoir une amplitude de 10 heures, elle soulève le problème des temps de déplacement. « Pour certains techniciens, les amplitudes peuvent atteindre 15 ou 16 heures », dénonce un délégué.

Le sujet est litigieux, confirme le DRH, qui assure être vigilant, ne serait-ce que pour éviter les risques routiers. Un projet de création de petits entrepôts proches du domicile des techniciens du service clients devrait en outre limiter ces déplacements, ajoute-t-il.

D’autres réflexions sur l’organisation sont en cours pour éviter les débordements : « Nous voulons passer d’une organisation en brique métier à une organisation par projet, explique Stéphane Blanchier. Car le premier système est trop rigide : chaque nouveau projet entraîne une addition de travail pour chaque équipe métier, ce qui peut conduire à des surcharges. Nous allons donc modifier ce fonctionnement : un chef de projet affectera les ingénieurs et les techniciens à des projets différents. Cela devrait permettre de mieux suivre et de réguler la charge de travail de chaque individu. »

Relance des entretiens semestriels

Pour repérer les excès, l’entretien de suivi de la charge reste pour Stéphane Blanchier un outil efficace : « Quand une personne écrit qu’elle n’arrive pas à traiter toutes les demandes des clients malgré des journées de travail très longues, cela nous alerte. »

Reste que les points semestriels, prévus en sus des entretiens annuels, n’ont pas toujours lieu. Le DRH envisage donc de les relancer et de sensibiliser les managers aux enjeux, y compris juridiques, de ce type d’outil.

PARKEON

• Activité : conception et fabrication de parcmètres et de systèmes de billettique pour les transports publics.

• Effectif France : 700 salariés.

• Chiffre d’affaires 2010 : 170 millions d’euros.

Auteur

  • E. S.