Pris entre son credo libéral et le problème épineux du chômage massif des jeunes, Yvon Gattaz, qui fut président du CNPF de 1981 à 1986, en appelle aux dirigeants, à l’occasion du 25e anniversaire de l’association Jeunesse et Entreprises qu’il a fondée en 1986, pour qu’elles recrutent en premier emploi au moins un jeune par tranche de cent salariés. La démarche est louable, mais après presque 400 pages de panégyrique de l’action en faveur des jeunes, on peut se demander dans quelle mesure cette initiative ne signe pas en fait l’échec de la démarche libérale.
Les jeunes ne représentent-ils vraiment qu’un demandeur d’emploi sur cent ? Voire qu’un travailleur sur cent ? Si tel n’est pas le cas, la démarche qui consiste à ne surtout rien exiger des entreprises pour la raison que toute obligation s’avérerait contre-productive ne montre-t-elle pas ici sa limite ? Requérir de la bonne volonté du capital le sacrifice d’un emploi sur cent au profit de l’insertion des jeunes ne révèle-t-il pas, en effet, l’ampleur du problème plutôt qu’il ne participe à sa solution ? N’est-ce pas reconnaître que ce taux dérisoire non seulement ne va pas de soi mais qu’il exige un effort ?
Malgré l’apport de trente personnalités aux compétences reconnues du monde de l’entreprise et de la formation professionnelle à cette rétrospective de l’action de Jeunesse et Entreprises, cela ne donne-t-il pas envie justement de demander aux dirigeants de passer à la vitesse supérieure ? S’ils le veulent bien, mais aussi de manière obligatoire au nom de leur responsabilité dans l’état social de la Nation. À chacun d’apprécier.
L’entreprise et les jeunes
Sous la direction d’Yvon Gattaz, François Bourin Éditeur, 450 pages, 22 euros.
