PSA Peugeot Citroën, Delphi, MPAP, Faurecia, Cooper-Standard et Sanden ont élaboré ensemble, et à l’initiative d’Autéo, le réseau des industriels de la filière automobile du Grand Ouest, un Passeport Compétences. Ce document, remis à un salarié intérimaire ou en CDD employé dans une de ces entreprises, valide le suivi d’un enseignement théorique de 35 heures dispensé par trois organismes de formation “labellisés” et d’une mission d’au moins trois mois comme opérateur. Le seul fait d’avoir respecté ce parcours ne suffit pas à obtenir le passeport. Il faut encore avoir été évalué correctement au cours des trois entretiens mensuels avec le management intermédiaire organisés durant la mission.

Pour Sandrine Millemann, chargée de la coordination du Passeport Compétences pour Autéo, ce dispositif doit permettre une valorisation des compétences des personnes de 1^er niveau, « dont la filière automobile a besoin ». « Le responsable d’équipe évalue la manière dont l’opérateur candidat tient son poste, respecte les consignes, atteint les objectifs fixés – qualité, délais, sécurité… –, ajoute-t-elle. Son implication et son assiduité sont également appréciées. Pour cela, le manager utilise une grille d’évaluation établie par la filière automobile selon le socle de compétences industrielles. »

Pour les entreprises partenaires, le but est bien qualitatif : « Nous devions faire évoluer notre organisation de production pour répondre à l’augmentation des exigences des clients, explique Pascale Le Thépot, responsable ressources humaines à Delphi, site de Saint-Aubin-du-Cormier (Ille-et-Vilaine). Le Passeport offrait donc la possibilité de disposer de professionnels ayant des compétences validées sur le plan de la sécurité, du process de fabrication propre à l’entreprise… et plus rapidement opérationnels. »

Même position de la part de Laurent Morival, chargé du recrutement et de l’emploi chez PSA Peugeot Citroën Rennes : « Le premier objectif pour nous est la recherche de compétences, avec des salariés sensibilisés aux nouveaux enjeux de sécurité, de la qualité, au fonctionnement global de l’entreprise, aux relations hiérarchiques… Bref, mieux préparés à leur future mission. » Un impératif très aigu dans un contexte de lancement d’un nouveau modèle de voiture et de recrutement de 780 intérimaires et CDD (à part égale, selon le responsable).

Actuellement, PSA comptabilise plus de 90 intérimaires et CDD ayant intégré le dispositif. Delphi a jusqu’à présent 12 intérimaires en cours d’accompagnement. La démarche devrait aboutir dans un an à la constitution d’un véritable vivier de personnes validées. « Nous n’inciterons pas, alors, de nouveaux salariés à entrer dans le dispositif, car, à cette date, 40 % des intérimaires proposés par les entreprises de travail temporaire devraient être titulaires du Passeport », précise Pascale Le Thépot.

« Le Passeport est un marche-pied vers d’autres étapes du parcours professionnel, estime Laurent Morival. Un CDI, pourquoi pas, si les conditions le permettent, ou une formation sanctionnée par un diplôme qui nécessite des prérequis. L’enjeu est bien l’employabilité des personnes embauchées. Ce passeport est une manière pour elles de donner de la visibilité à leurs compétences validées. Ce qui intéressera l’ensemble d’une filière. » Et même au-delà, selon Sandrine Milleman : « Une entreprise de fonderie sur le point de lancer un recrutement s’est montrée intéressée par les titulaires du Passeport, car, même si ceux-ci n’ont pas d’expérience dans ce secteur, ils disposent de compétences industrielles basiques transférables. »