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Un vent d’indignation

Enjeux | LA CHRONIQUE DE MERYEM LE SAGET | publié le : 04.10.2011 | MERYEM LE SAGET

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Un vent d’indignation

Crédit photo MERYEM LE SAGET

Cela commence avec des inégalités flagrantes. Avant la fin de l’année, nous serons 7 milliards sur la planète. Mais les riches sont sans cesse plus riches et les pauvres toujours laissés pour compte. Comment laissons-nous exister un tel déséquilibre, sans réaliser que tous les habitants de la planète sont nos compagnons de voyage et que l’aventure se réussit ensemble ou ne se fait pas ? Indignation. Honte même. Défaite non seulement de notre “modèle économique”, mais de notre conception moderne du monde.

Nous vivons sur une poudrière. Un jour, les laissés-pour-compte vont vraiment s’énerver. La montée du terrorisme, c’était déjà la manifestation dévastatrice de “l’ombre” de l’Occident, cette partie de nous-même dominatrice et sombre que l’on ne veut pas voir. Jung disait : « Celui qui refuse de confronter son ombre la retrouve sur son chemin sous la forme de son destin ». En faisant tomber les Twin Towers, les terroristes ont visé de plein fouet le symbole de notre arrogance moderne. Comme le soulignait l’anthropologue américain Joseph Campbell, le bâtiment le plus élevé dans l’architecture d’une époque souligne ses valeurs, son dieu. Après le traditionnel clocher du village, remplacé au Moyen-Âge par les tours des châteaux, aujourd’hui ce sont les gratte-ciel d’affaires qui s’élèvent vers les nuages. Notre dieu est l’argent, notre religion vénère l’économie triomphante. L’écart entre les riches et les pauvres est donc notre ombre à tous.

L’indignation face aux inégalités se répand. Autour de nous, les chiffres du chômage augmentent, les partis politiques sont dépassés, les révoltes grondent. En Europe, les jeunes « indignés » ont été nombreux à descendre dans la rue. Ils n’acceptent pas cette société qui n’a aucun travail, aucune perspective à leur offrir, alors que dans les hautes sphères certains dirigeants se préoccupent surtout du montant de leur bonus ! Le succès de l’opuscule Indignez-vous de Stéphane Hessel a parfaitement révélé le phénomène : ils sont nombreux, très nombreux, les lecteurs qui se reconnaissent dans ces lignes. Ras-le-bol, indignation, indécence. Même dans la rue ou le métro, les tons sont indignés : « Au lieu de couper des postes de professeurs, qu’ils réduisent donc leur train de vie ! ». Au-delà du classique “climat social”, c’est le “climat populaire” tout entier qui se tend.

Les soubresauts économiques et politiques de ces derniers mois n’ont rien calmé et ne sont pas prêts de le faire, car ils n’ont rien d’un mouvement superficiel. Tout ce qui n’est pas clair dans nos vies et nos sociétés remonte à la surface. Chacun est placé devant un choix : confronter son ombre, regarder la réalité en face, changer ce qui n’est pas acceptable ou retrouver sur son chemin les problèmes ignorés. La grande lessive est engagée.

En fait, ce sont rarement ceux qui ont le pouvoir qui prennent l’initiative de changements majeurs bénéfiques pour tous. Car leur situation leur plaît. Il faut des indignés, des rebelles, un peuple qui s’exprime, des courageux qui proposent des solutions plus authentiques, plus justes, plus responsables. Les profonds mouvements de renouveau commencent dans la sphère d’action de chacun : dans son service, son entreprise, sa famille, son groupe d’amis. Loin d’être insignifiant, le changement le plus important de cette année commence par soi.

Auteur

  • MERYEM LE SAGET