Les modifications dans les politiques d’immigration ont coïncidé avec des transformations de l’emploi : flexibilité, travail à temps partiel et précarisation. L’objectif de maîtrise des flux migra– toires semble correspondre à une volonté de segmenter le travail salarié en constituant des volants de travailleurs démunis de tout droit. Le travail des femmes immigrées, naguère encore considérées simplement comme épouses des travailleurs migrants, est en première ligne de la tourmente. Comme l’immigration des hommes dans les années 1960 avait permis au secteur industriel de développer un emploi sous-qualifié et mal rémunéré, le travail des femmes immigrées permet notamment aux secteurs des services à la personne, de l’hôtellerie-restauration et du nettoyage une organisation au moindre coût.

Cette situation n’est pas sans conséquence pour les autochtones mis en concurrence avec une main-d’œuvre taillable et corvéable à merci. Il en résulte une pression à la baisse, à la fois sur les salaires et sur les retraites pour l’ensemble des travailleurs peu qualifiés. Mais cela permet aussi de pallier l’insuffisance des services publics, alors qu’en France, ces services de qualité ont existé mais sont en voie de démantèlement.

Pour Odile Merckling, socioéconomiste, l’amélioration des statuts et des conditions de travail de ces salariées n’est d’ailleurs guère envisageable en dehors d’une organisation de ces services à la population dans un cadre collectif. L’immigration constituant l’armée de réserve du capital, revaloriser et pérenniser le travail des plus défavorisés ne peut qu’avoir des conséquences sur l’ensemble de la population salariée et sur l’organisation sociale elle-même. Un ouvrage profond et plutôt radical.

Femmes de l’immigration dans le travail précaire

Odile Merckling, L’Harmattan, 300 pages, 28 euros.