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Alerte au désengagement des salariés

Actualités | publié le : 27.09.2011 | AURORE DOHY

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Alerte au désengagement des salariés

Crédit photo AURORE DOHY

Paradoxe ? Alors que les salariés reconnaissent que les entreprises ont amélioré leur efficacité sur bien des points, et notamment sur la gestion de leur carrière, leur engagement vacille. Un salarié français sur trois envisage de quitter son employeur, selon une enquête internationale réalisée par Mercer et publiée le 26 septembre.

La morosité s’installe dans les entreprises. Réalisée par Mercer au cours des six derniers mois auprès de 30 000 salariés de 16 pays, dont 2 000 salariés français d’âge, de sexe et de niveau hiérarchique représentatifs, l’étude “Engagement des salariés”*, rendue publique le 26 septembre, le démontre sans ambiguïté : c’est le quotidien qui pèche. Entre 2007 – date de la précédente étude – et aujourd’hui, la proportion de salariés s’estimant satisfaits de la qualité et de l’intérêt proprement dits de leur travail passe de 72 % à 57 %. « Plus qu’une dégradation, il s’agit d’une véritable chute, souligne Éric Sarrazin, responsable gestion des talents chez Mercer. C’est pourtant sur le terrain du sentiment d’accomplissement et de l’autonomie que sont traditionnellement observés les taux de satisfaction les plus élevés. Or l’enquête 2011 fait apparaître des résultats en rupture avec les tendances des années passées. »

Insatisfaction au jour le jour

Ainsi, le taux des sondés reconnaissant « tirer plein parti de leurs capacités à leur poste » passe de 85 % à 72 %, soit une baisse de 15 %. Plus radical encore, seulement 60 % d’entre eux contre 81 % en 2007 (- 25 %) estiment bénéficier aujourd’hui d’une autonomie suffisante pour « garantir un bon niveau de service à leurs clients ». L’appréciation de leur capacité à « prendre les décisions nécessaires » chute également de 25 % (de 82 % à 61 %). Quant au « sentiment d’accomplissement » à proprement parler, il passe de 71 % à 58 % (- 21 %).

« La satisfaction obtenue dans son poste au jour le jour étant, avec la reconnaissance et les opportunités de développement, l’un des principaux leviers de l’engagement des salariés, rien de surprenant à ce que leur loyauté vacille à son tour », explique Éric Sarrazin. En dépit de l’atonie du marché du travail, 30 % des salariés français songent sérieusement en ce moment à prendre le large, soit 57 % de plus qu’en 2007 ! Et 50 % d’entre eux seulement, soit 11 % de moins que dans la précédente étude, indiquent ressentir encore un fort attachement à leur entreprise.

Standardisation

« Ces chiffres sans précédent à l’échelle d’un pays sont probablement à mettre en relation avec les efforts de standardisation et de réduction des coûts, qui ont été largement amplifiés dans les entreprises depuis le début de la crise économique, souligne Éric Sarrazin. On peut y lire l’expression d’un besoin d’autonomie et d’initiative auquel les entreprises ont de plus en plus de mal à répondre. Pour autant – et le paradoxe n’est qu’apparent –, alors même qu’ils peuvent se sentir de plus en plus contraints par des consignes et des procédures, les salariés reconnaissent que les entreprises ont amélioré leur efficacité sur bien des points, et notamment sur la gestion des carrières. »

Gestion de carrière plus efficace

Par rapport à l’enquête de 2007, 30 % des sondés supplémentaires jugent ainsi que « leur entretien d’évaluation leur a été utile » (68 % contre 52 %) et 28 % de plus (55 % contre 48 %) ont perçu une « claire différenciation des évaluations selon la performance ». Les sondés sont également 50 % cette année contre 45 % en 2007 à estimer que « leur manager les encourage à participer aux formations proposées par l’entreprise ». De même, ils sont 40 % de plus qu’en 2007 à estimer que l’entreprise « sait retenir ses talents ».

Besoin d’autonomie

De façon plus générale, les salariés sondés par Mercer sont 12 % de plus qu’en 2007 à croire à la réussite future de leur entreprise (57 % en 2011). « Au moment où explose le nombre de ceux qui songent sérieusement à quitter leur entreprise, ces résultats confirment la déconnexion établie par les salariés entre leur propre futur et celui de leur entreprise, souligne Éric Sarrazin. Si les efforts de standardisation sont probablement incontournables, les entreprises doivent s’interroger sur le moyen de permettre aux salariés de se réapproprier leur autonomie. »

* Enquête en ligne auprès de 30000 salariés dans 16 pays (Allemagne, Espagne, Irlande, Australie, États-Unis Italie, Brésil, France, Mexique, Canada, Hong Kong, Pays-Bas, Chine, Inde, Royaume-Uni, Singapour).

Auteur

  • AURORE DOHY