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Difficile d’échapper aux stéréotypes

Pratiques | RETOUR SUR… | publié le : 20.09.2011 | H. T.

Employeur historiquement favorable à la parentalité, France Télécom prône depuis quelques années un partage équitable des tâches entre les pères et les mères. Mais le sujet n’est pas encore mûr.

« Historiquement, la parentalité était prise en compte à travers la garde d’enfants en crèche et l’accueil périscolaire financé par l’administration des PTT », rappelle Laurent Depond, directeur de la diversité du groupe France Télécom-Orange. Mais c’est au sein de la filiale mobile Orange que des actions d’un nouveau genre se sont développées, avec la création, en 2005, des journées Orange mômes, permettant aux collaborateurs de faire découvrir à leurs enfants « le bureau de papa ou de maman ». Selon lui, une reconnaissance expresse par l’entreprise de l’importance de la vie familiale.

Un sujet à nouveau d’actualité depuis trois ou quatre ans

Si le sujet avait perdu de son actualité avec l’accroissement de l’âge moyen des collaborateurs, « il revient en force dans le champ des relations sociales depuis trois ou quatre ans, suite à l’intégration de nouvelles recrues », observe Laurent Depond. France Télécom-Orange a d’ailleurs signé la charte de la parentalité dès 2008, ainsi qu’un accord sur l’équilibre vie privée-vie professionnelle en 2010.

Le troisième accord triennal sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes a été signé le 27 mai dernier entre la maison mère et trois syndicats : CFDT, FO et SUD (représentant 56 % des voix aux élections professionnelles, précise l’opérateur). Il intègre de nouvelles dispositions financières en faveur de la parentalité. Cependant, « la problématique reste encore très (trop) axée sur les femmes », regrette Laurent Depond, qui dit monter régulièrement au créneau pour défendre « les parents ». « Dans l’esprit de beaucoup de collaborateurs et pour la plupart des syndicats, il s’agit de favoriser l’équilibre des mères. » Ce travers se remarque dans les statistiques fournies par l’opérateur (lire l’encadré).

Pour le directeur de la diversité, le sujet de la parentalité masculine n’est pas mûr, même si « l’on voit tout de même aujourd’hui de jeunes pères partir ostensiblement plus tôt pour aller chercher leur enfant à l’école ou à la crèche ». Du coup, l’entreprise s’efforce d’adopter une communication neutre du point de vue du genre : « Toutes nos mesures sont mixtes, explique-t-il. Nous voulons sensibiliser nos équipes au fait que chacun, homme ou femme, peut s’occuper de ses enfants. Et véhiculer l’idée d’une meilleure répartition des rôles parentaux, sans nous ingérer dans la vie privée. »

Limiter l’impact sur les retraites

Concrètement, le nouvel accord sur l’égalité professionnelle vise, entre autres, à limiter l’impact de la parentalité sur la retraite et à ne pas pénaliser l’évolution de la rémunération des salariés en raison de leurs responsabilités parentales. Ainsi, les cotisations patronales et salariales des régimes de retraite complémentaire pour les congés liés à la parentalité et au soutien familial sont prises en charge par l’opérateur pendant six mois. Et, durant ces périodes de suspension d’activité, le salaire fixe continue d’augmenter, la part variable étant également versée sur la base des moyennes de l’entité du ou de la salarié(e) concerné(e).

Par ailleurs, le congé de paternité est rémunéré à 100 %. Enfin, les managers doivent également tenir compte des éventuelles absences dues aux aléas de la vie familiale dans l’appréciation des objectifs.

Outre des expérimentations de participation à des crèches interentreprises, l’accord vie privé-vie professionnelle de 2010 a par ailleurs harmonisé dans le groupe les autorisations spéciales d’absence, dont celles liées à la garde d’un enfant malade (6 jours par an au minimum). « Nous incitons les pères à les utiliser », assure Laurent Depond. Si le directeur de la diversité espère bien qu’à terme les hommes s’empareront autant que leurs homologues féminines de toutes ces mesures, « il est d’abord nécessaire de travailler sur les stéréotypes au niveau sociétal », conclut-il.

Retrouvez l’accord de France Télécom du 27 mai 2011 sur <www.egaliteprofessionnelle.org>, rubrique “dialogue social”.

LA PARENTALITÉ, ENCORE UNE AFFAIRE DE FEMMES

→ Le congé de paternité est utilisé par 84 % des pères salariés de France Télécom, et, quasiment à chaque fois, ils consomment la totalité des jours auxquels ils ont droit et ce, quelle que soit la catégorie professionnelle. Les congés d’adoption (une trentaine par an) sont pris autant par les hommes que par les femmes, mais la durée est plus longue pour les femmes.

→ Les hommes sont peu nombreux à prendre un congé parental. En 2010, ils ne représentent que 2 % des salariés qui l’utilisent. Ce taux est assez stable depuis plusieurs années.

→ 57 % des autorisations spéciales d’absence pour événements familiaux concernent des hommes. Mais ces derniers restent sous-représentés, puisqu’ils pèsent 64 % des effectifs de l’entreprise.

→ Les hommes représentent un peu plus de 20 % des salariés à temps partiels. Le temps partiel masculin est plus fortement pratiqué chez les non-cadres.

Auteur

  • H. T.