« L’enquête reflète bien, à mon sens, la situation actuelle et la dynamique dans laquelle se trouve la fonction formation : des équipes mobilisées sur un large champ, qui viennent en appui des transformations des organisations et des métiers, en apportant conseil et support sur des actions de professionnalisation et des projets de changement. Depuis le début de la crise, la fonction formation a intensifié son action en se rapprochant des problématiques des dirigeants après avoir été en priorité axée sur le middle management. L’étude montre aussi qu’elle est avant tout une fonction internalisée aussi bien dans l’établissement des plans de formation que dans ses aspects d’ingénierie.

Fondamentalement, l’enquête dessine des tendances :

– le développement de plans de formation et de parcours métiers pluriannuels, pour sortir du carcan annuel et proposer des perspectives continues ;

– une agilité nécessaire face à la double nécessité d’individualiser davantage, mais aussi de monter des dispositifs rassembleurs et fédérateurs, sur le management, la diversité ou l’évolution des systèmes d’information par exemple ;

– la poursuite du renouvellement de la fonction avec une ancienneté progressivement moins importante dans ce métier et le maintien de la tradition d’ouverture à des profils non RH ;

– la recherche de méthodes d’apprentissage hors les murs d’une salle de formation, et hors e-learning parfois, avec les apprentissages informels ;

– le développement de formations spécifiques pour ce métier, qui doit être de moins en moins appris par tradition orale, mais qui peut être enseigné ;

– des moyens augmentés la plupart du temps ou redéployés, mais rarement en baisse ;

– un enjeu évident sur la mesure de la performance de cette fonction, et un modèle d’évaluation et de retour sur investissement qui se cherche ;

– une complexité grandissante des dispositifs de formation avec un enchevêtrement qui tourne au casse-tête pour toutes les entreprises entre les dispositions des lois, des règlements, des accords de branche, des accords d’entreprise, des Opca… Notre système est le plus complexe quand on le compare aux autres pays.

Au chapitre des déceptions, l’e-learning occupe une place faible dans les dispositifs pédagogiques, et le DIF peine, faute de moyens propres à son financement ou de clarté, mais aussi parce que des entreprises avaient développé un véritable droit à se former sans attendre la loi.

Au final, ces derniers temps, le responsable formation est revigoré, car bien souvent impliqué sur des sujets concrets, utiles, stratégiques et nouveaux, et il bénéficie d’une marge de manœuvre réelle. Mais il redescend aussi assez vite sur terre, freiné et empêtré par le poids de la complexité administrative. »