« L’ancienneté moyenne dans la fonction est de neuf ans : cela veut dire que les responsables formation qui ont répondu à cette enquête ont déjà vécu deux réformes ! Ils ont donc de quoi avoir une bonne connaissance du secteur. La perception de leur rôle évolue d’ailleurs vers plus de stratégie et plus d’autonomie, ce qui vient aussi sans doute de leur haut niveau de formation initiale.

Concernant les achats de formation – un des thèmes de la réforme de 2009 –, on constate un faible recours à la certification et aux process qualité, alors qu’ils sont faits à 99 % en interne. Quelle est la préoccupation sur la qualité de ces achats ? Alors qu’on est toujours dans un marché de “push”, où les prestataires de formation proposent et les entreprises achètent si possible en faisant baisser les prix. Les 27 % de temps consacrés à l’ingénierie pédagogique viennent cependant contrebalancer cette déduction un peu pessimiste.

Concernant les dépenses formation, 51 % de celles-ci seraient déclarées stables sur les trois derniers exercices : il faut faire un tri par taille d’entreprise. Les TPE sont généralement plus stables, car leurs dépenses sont proches de l’obligation légale. Souvent, le plafond d’engagement est corrélé au niveau de la collecte. Par exemple, à l’Agefos-PME, la collecte moyenne est de 350 euros pour une TPE, et les plafonds d’engagement de 1 000 à 1 500 euros en fonction des branches. À l’inverse, on note de fortes amplitudes sur les PME et les grandes entreprises : cela dépend bien sûr de l’enveloppe utilisée – le 0,5 professionnalisation ou le 0,9 plan – et, bien entendu, de l’accompagnement financier de l’Opca.

Que le DIF ne fasse pas l’objet d’un catalogue spécifique dans 74 % des cas est étonnant, car la majorité des branches ont un catalogue DIF d’actions prioritaires qui est repris par les entreprises, mais il est vrai que les thèmes de formation se sont resserrés avec la réduction des fonds de l’alternance. Outre cela, de nombreux constats de l’étude du Garf apparaissent dans nos propres études Perspectives : le bilan d’étape et le passeport sont en dernière position des outils de sécurisation ; plus l’entreprise est importante, plus le taux d’appropriation de ces outils est voisin de 100 %; e-learning et nouvelles technologies sont encore peu utilisés ; les 4 thèmes d’actions de formation les plus fréquents font toujours 50 % des dépenses année après année ; l’importance de la gestion administrative s’est amplifiée…

En conclusion, les services formation intègrent la complexité et la charge de travail augmente, de même que l’intérêt et le spectre d’intervention. La vision est encore très axée « finance » et s’oriente doucement vers la personnalisation et l’ingénierie, donc vers une meilleure adéquation avec les parcours des individus. Cependant, il n’y a pas vraiment de travail de partenariat avec les Opca, dont l’offre de service est justement de gérer la complexité et aussi les tâches administratives sans valeur ajoutée. »