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Enquête

LA QUALITÉ SANS LES NORMES

Enquête | publié le : 20.09.2011 | L. G.

Les responsables formation ne sont pas friands des normes qualité pour la certification de leur service ni pour la sélection des prestataires.

Si 81 % des répondants à l’enquête Garf affirment qu’il existe bien un service formation identifié dans leur entreprise ou leur organisme, comment est-il structuré et à qui est-il rattaché ? Premier constat, le service formation est très clairement, à 86 %, rattaché à la DRH. « Dans les années 2000, le débat était fort autour de la question du rattachement de la fonction formation à la DRH ou à des fonctions de business via le service commercial, se souvient Dominique Camusso, secrétaire général du Garf. Aujourd’hui, il est rattaché à la DRH et c’est normal, c’est dans la continuité et dans la logique de l’extension des domaines touchés par les RF. »

Fonction “artisanale”

Deuxième point, les normes qualité externes (ISO, OPQF, Afnor…) ne sont pas obligatoires : 65 % des services formation ne sont pas certifiés par une norme qualité, 32 % le sont sur la base de la norme Iso 9001. On peut penser que, dans ce cas, le service formation est certifié dans le cadre d’une certification globale de l’entreprise, très fréquente dans le monde industriel, qui représente une part importante du panel de cette étude. En revanche, la certification autonome du service formation est inexistante, sauf quand il est lui-même prestataire sur le marché.

Dans cette même logique, 62 % des responsables formation ne font pas référence à des normes qualité externes pour le choix d’un prestataire, mais 38 % y ont quand même recours : « Les normes qualité, on les fait nous-mêmes au travers des appels d’offres et des cahiers des charges : c’est le cœur du savoir-faire du RF, et c’est ce qui en fait encore une fonction artisanale », assure Véronique Radiguet, membre du bureau du Garf. « Les normes de qualité externes pour le choix d’un prestataire ne sont souvent utilisées que dans le cas d’une sous-traitance officielle : la demande de certification vise à préserver sa propre certification », confirme Dominique Camusso.

Achat de formation

Troisième constat : 86 % des répondants affirment que la fonction achat de formation est assurée par le service formation, 13 % par la direction des achats de l’entreprise, et 1 % par un prestataire extérieur. C’est là aussi une grosse surprise : « La formation achète la formation !, résume Véronique Radiguet. Le débat des années 2000 sur la délégation des achats formation au service achat global n’est pas totalement bouclé. Mais le chiffre d’affaires d’un prestataire ou le statut de l’intervenant ne sont pas notre sujet, alors que ce sont des critères de sélection des services achats. Souvent, les RF poussent leur analyse jusqu’au choix final de l’intervenant plutôt que de s’arrêter à la désignation de l’organisme de formation, ceci afin d’éviter une cascade de vacataires que nous ne connaîtrions pas. En ce sens, plus on prend un gros prestataire, plus on peut connaître ce risque, alors qu’un petit peut être plus lisible et plus réactif : ce n’est pas forcément la priorité des services achats. » « Ce taux de 86 % m’étonne quand même beaucoup, reconnaît Dominique Camusso. Car aujourd’hui, hormis dans les PME, les responsables formation des grandes entreprises n’ont plus la main exclusive sur les achats. L’achat de prestations de formation reste certes une activité artisanale dépendant de la connaissance d’un marché très spécifique, mais cette tradition se cumule avec l’usage de nouvelles techniques d’achat, de nouveaux réflexes marketing : on peut travailler en bonne intelligence entre spécialistes formation et spécialistes achats. En revanche, seul 1 % des répondants à l’enquête précise que les achats formation sont réalisés par un prestataire externe, courtiers et autres : rien de massif, ce sont les achats sur les bordsdu budget. »

« L’achat de formation relève d’une direction des achats uniquement dans les grandes entreprises, confirme Béatrice Degrotte, membre du bureau du Garf et ex-directrice de formation en milieu bancaire. On a pu observer au fil des années un mouvement de balancier dans son attribution à une direction des achats ou à une direction de formation. L’achat de prestations intellectuelles est très différent de l’achat de matériel, et les directions spécialisées n’étaient pas toujours très pertinentes dans leur approche. Lorsque l’attribution leur a été maintenue, une évolution très nette s’est faite dans les relations entre direction des achats et direction de la formation : l’une enrichissant l’autre de sa compétence. »

Gestion en interne

Dernier constat : la gestion de la formation n’est pas externalisée (dans 93 % des cas). « Au-delà des débats, externaliser est compliqué, constate Véronique Radiguet. Laisser l’accès à la base de données du personnel, ce n’est pas évident. » « L’externalisation de la gestion de la formation n’est pas encore très fréquente, mais beaucoup de grandes entreprises vivent des changements majeurs : mise en place de centres de services partagés, fonctions mutualisées, nouveau positionnement à attendre des Opca, chasse aux coûts… Une série de mouvements sont en route, mais pas encore très visibles pour les responsables formation », conclut Dominique Camusso.

Incontournables Opca

→ « Les Opca, c’est aujourd’hui fondamental dans le paysage du RF », assure Véronique Radiguet. D’ailleurs, 68 % des répondants à l’enquête Garf affirment utiliser les compétences de leur Opca, dont 77 % en financement et 23 % en conseil.

→ « 32 % des répondants n’ont hélas pas encore compris l’enjeu du financement via les Opca, reconnaît Dominique Camusso. Les grandes entreprises l’ont saisi, mais on continue à croiser des entreprises et des responsables formation qui, soit ne se sentent pas concernés, soit estiment que la recherche de cofinancement représente trop de travail administratif. Certes, cela demande du temps, mais c’est un investissement nécessaire. »

→ « En revanche, que 23 % des répondants déclarent utiliser les Opca pour leur capacité de conseil est une agréable surprise, poursuit Dominique Camusso. Ils sont clairement une source de compétences : les PME en ont besoin, pas forcément les grandes entreprises. Représentent-ils un danger à terme pour les responsables formation au travers d’une sous-traitance larvée ? Le risque existe, mais me semble faible : leur capacité d’intervention dépendra des futures conventions d’objectifs et de moyens qu’ils signeront avec l’État : cela risque de leur couper un peu les ailes. »

Auteur

  • L. G.