A l’heure où se multiplient les promesses électorales dans la période de précampagne présidentielle, la publication de l’intégrale des chroniques de Jacques Attali dans l’Express depuis 1998 tombe à pic pour mettre en exergue la principale difficulté qui se pose à tous les candidats : comment encore faire des ­promesses aux Français quand si peu d’entre elles ont été tenues et quand l’avenir paraît si sombre ? Si les articles d’actualité sont un peu désespérant, car vite obsolètes, voire oubliés, la collection de plus d’une décennie d’actualités demeure pourtant… d’actualité.

Pour Jacques Attali, professeur, écrivain, conseiller d’État honoraire, conseiller spécial auprès du président de la République de 1981 à 1990, fondateur de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, le jugement est sans appel : en France, ces dernières années, aucun politique n’a pris de décision courageuse sur un sujet d’importance, ni au regard de la dette qui ne cesse d’augmenter ni pour s’attaquer aux quatre problèmes principaux du pays, selon lui : l’aggravation des injustices, le déclin de l’école, les difficultés de réinsertion des chômeurs et la faiblesse des PME. Et la situation n’est guère meilleure dans les autres pays occidentaux.

Dans ces conditions, l’avenir lui semble lourd de menaces. L’avalanche peut grossir jusqu’à devenir un sauve-qui-peut général, entraînant sous la splendeur de quelques fortunes devenues colossales un effondrement du système économique qui a fait la richesse et la gloire de l’Occident. Comment imaginer que les citoyens et les travailleurs n’en soient pas les premières victimes ?

Perspectives

Jacques Attali, Express Roularta, 1310 pages, 25,90 euros.