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QuébecLA BELLE PROVINCE INVENTE LE MENTORAT POUR LES IMMIGRANTS

Pratiques | International | publié le : 13.09.2011 | LUDOVIC HIRTZMANN

Le Québec s’efforce d’intégrer quelque 50 000 immigrants annuels. Avec sa dernière initiative, Mentorat Montréal, les nouveaux arrivants bénéficient de l’expérience de professionnels.

L’idée est partie du constat d’un gâchis : « Les immigrants ont des difficultés à trouver un emploi correspondant à leurs compétences et à leurs qualifications. L’objectif du mento­rat est d’établir une relation d’échange et d’apprentissage avec des [experts] locaux », confie Yvan Thériault, porte-parole de la Conférence régionale des élus de Montréal (CRÉ), un organisme regroupant des élus municipaux qui ont créé Mentorat Montréal. En jumelant un immigré et un salarié québécois, Mentorat Montréal agit comme « un facilitateur », estime Yvan Thériault.

La dernière étude sur les immigrants menée par l’institut national Statistique Canada issue du recensement de 2006 révélait que, cinq ans après leur arrivée au Québec, près d’un tiers des Maghrébins, 15 % des Latinos et 13 % des Européens francophones étaient encore sans emploi, alors que le taux de chômage moyen ne dépassait pas 6,3 % cette année-là.

Briser la fatalité

Le CRÉ veut briser cette fatalité d’autant plus incompréhensible que Montréal compte des dizaines d’organismes pour les migrants, spécialisés en recherche d’emploi. Ce sont eux qui collectent les références des nouveaux arrivants à Mentorat Montréal et jumellent ensuite un immigré avec un mentor.

Yvan Thériault explique que « le rôle du mentor peut être de développer avec le mentoré une stratégie pour que ce dernier acquière une expérience canadienne ».

Acquérir une expérience canadienne

Le plus important est d’avoir travaillé au Canada, que l’emploi soit ou non lié à sa qualification, car une expérience professionnelle qui n’est pas nord-américaine n’a aucune valeur aux yeux d’un employeur local.

Contrôleur de gestion chez BHP Billiton en Algérie et immigré au Canada depuis trois ans, Messaoudi El Hachimi, 45 ans, bénéficie de cet accompagnement. Cet Algérien ne parvenait pas à trouver un emploi. Il a été associé en novembre 2010 à un mentor, André Mercier, directeur d’une agence montréalaise de la Banque royale du Canada. « Il m’a prodigué des conseils judicieux, notamment dans mon domaine professionnel, la finance. Ce jumelage m’a permis de développer davantage mes techniques de recherche d’emploi et d’entretien de sélection », confie Messaoudi El Hachimi, qui a trouvé en avril dernier un poste d’agent de bureau dans la fonction publique québécoise. Il espère désormais intégrer prochainement l’administration fiscale de la Belle Province après avoir réussi un concours. « Lorsqu’on m’a approché pour le projet de mentorat, je n’ai pas hésité une seconde à m’impliquer dans cette aventure, car la diversité est un élément essentiel à la réussite et à la survie d’une entreprise », explique André Mercier, qui accompagne plusieurs personnes provenant de pays différents.

Repérer les talents

Les bénéfices ne sont pas à sens unique. Pour les entreprises, l’objectif est de « repérer les talents et les compétences des immigrés dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre spécialisée », souligne Yvan Thériault. Toutes les deux semaines, pendant quatre à six mois et durant une heure à chaque fois, le mentor contacte son protégé, de visu, par téléphone voire par courriel. Selon Luc Mercier, mentor et surintendant principal de la Société de transport de Montréal (équivalent de la RATP), « au fil des semaines, le mentoré devient de plus en plus autonome. Notre relation évolue vers un coaching de préparation pour des entretiens avec de futurs employeurs ». Et vers l’emploi. Depuis la création de Mentorat Montréal en octobre 2010, le taux d’accès à emploi a été de 78 %.

Auteur

  • LUDOVIC HIRTZMANN