La convivialité ? « C’est un accélérateur de performance !, lance Jean-Yves Motel*, DRH de la centrale régionale Nord-Ouest de Système U. Quand les collaborateurs se sentent bien dans leur travail, l’entreprise en profite », estime-t-il. Mais cela ne va pas de soi. Surtout pour les quelque 550 préparateurs de commandes et réceptionnistes travaillant en entrepôt. « En huit ans, nous avons doublé notre chiffre d’affaires, mais les effectifs n’ont augmenté que de 25 %. D’où la nécessité de repenser la façon d’appréhender le travail et nos modèles managériaux », explique le DRH.

Entamée voilà cinq ans, la démarche d’amélioration des conditions de travail a d’abord été menée de manière empirique, en lien avec le vécu des collaborateurs. Elle a par exemple débouché sur l’intervention d’un kinésithérapeute du sport pour promouvoir les bienfaits de l’échauffement avant tout effort physique.

La centrale s’est par la suite adjoint l’aide de Roseline Desgroux, consultante en relations humaines. « De fil en aiguille, nous avons incorporé le facteur humain en amont des projets d’entreprise », assure Jean-Yves Motel. Le processus d’intégration a été particulièrement soigné. Chaque nouvelle recrue est ainsi invitée à rédiger, au bout de trois mois, un “rapport d’étonnement” consignant remarques et interrogations sur l’organisation en place. Elle participe ensuite, avec la douzaine de derniers « enrôlés », à un déjeuner de la convivialité. L’occasion d’un partage d’impressions en compagnie du directeur général, qui en profite pour présenter le projet et les valeurs maison. Une formation dont l’intitulé est “Réussir ensemble” clôt le parcours d’intégration, donnant aux intéressés « toutes les clés de compréhension de la stratégie de l’entreprise et de son environnement », expose le DRH.

« Cette dernière phase permet de faire converger le projet collectif et les projets personnels. Ce qui donne du sens au travail et démontre l’utilité de chacun », soutient-il. Une posture qui a d’ailleurs présidé à la création ex nihilo d’un entrepôt de produits frais à Nanteuil-le-Haudouin, dans l’Oise. De quoi désengorger le site normand d’Ifs et rapprocher la centrale de ses clients franciliens. Opérationnelle depuis le 15 juin dernier, la nouvelle installation a bénéficié d’un essaimage de 25 préparateurs de commandes ifois. « L’entrepôt est implanté en pleine zone d’activités logistiques, dans un bassin d’emploi très tendu, souligne Jean-Yves Motel. Nous avons voulu nous démarquer en faisant de Nanteuil un site où il fait bon vivre. »

Le groupe projet, composé d’une demi-douzaine de personnes, dont le DRH, le directeur du site d’Ifs et Roseline Desgroux, s’est mis à la tâche il y a environ dix-huit mois, les collaborateurs volontaires s’étant joints au fur et à mesure aux réunions hebdomadaires. « Nous leur avons “vendu” ce projet comme une aventure humaine et nous avons travaillé ensemble sur la manière de vivre dans l’entreprise », développe Jean-Yves Motel.

Carole Verry, 48 ans, qui a connu les débuts d’Ifs et se retrouve ­désormais chef d’équipe à Nanteuil, est enthousiaste : « Nous ne sommes pas juste considérés comme des ouvriers. Le dialogue, la communication, le respect et, par-dessus tout, la solidarité comptent énormément. En cas de besoin, les employés de bureau et les agents de maîtrise nous donnent un coup de main. »

Autre point clé de ce code de conduite : l’implication des salariés dans le processus d’intégration des nouveaux. Les volontaires normands ont ainsi pu transmettre leur savoir opérationnel et leurs valeurs aux 60 stagiaires recrutés pour Nanteuil et accueillis à Ifs pour une formation pratique de quinze jours.

La nouvelle structure compte aujourd’hui 90 personnes, le DRH tablant sur 180 salariés d’ici à trois ans. Une fois validé sur le terrain, le modèle devrait être réimporté dans les entrepôts existants.