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Enquête

PARCE QU’ILS NE VALENT PAS MOINS

Enquête | publié le : 13.09.2011 | D. A.

L’Oréal a toujours été très actif pour aider ses salariées dans leur vie de mère. Mais le virage en faveur de la parentalité masculine est difficile à prendre.

Dès la fin des années 1960, le fabricant français de cosmétiques, qui emploie actuellement 64 % de femmes, offre à ses salariées quatre semaines de congé de maternité supplémentaires rémunérées à 100 % par l’entreprise (le congé Schueller). Puis, au milieu des années 1970, il crée le “mercredi mère de famille” autorisant les mamans à ne pas travailler entre un et quatre mercredis par mois jusqu’aux 12 ans de l’enfant. Un traitement favorable qui ne connaît pas le même succès auprès des hommes, malgré la tentative de rattrapage qu’opère l’entreprise. Le “mercredi mère de famille” a en effet été étendu aux pères par l’accord égalité hommes-femmes signé avec l’ensemble des partenaires sociaux en décembre 2008. « C’est dorénavant un droit acquis pour le collaborateur. Le refuser est devenu compliqué », assure Emmanuelle Liévremont, directrice de la diversité et de la santé au travail à L’Oréal France.

Promotion prudente

Mais rien n’y fait. En 2010, 13 % des mères d’enfants de moins de 12 ans ont choisi de ne pas travailler certains mercredis, et 9 % parmi les femmes cadres. Chez les hommes, ils ne sont que 2 %. La même année, seuls 177 pères ont profité du congé de paternité légal de 11 jours – avec une moyenne de 8,28 jours utilisés. Mais c’était déjà une progression de 20 % par rapport à 2008. De même, sur les 130 salariés qui recourent au télétravail, 80 % sont des femmes. Preuve qu’il reste du chemin avant qu’un réel partage de la parentalité s’installe.

Il faut dire que, dans la pratique, L’Oréal ne promeut le partage de la parentalité que sur la pointe des pieds. Comme l’explique Jean-Paul Agon, le président du groupe, dans l’ouvrage Patrons papas*, à propos de l’extension du “mercredi mère de famille” : « Cela ne signifie pas militer pour qu’il y ait plus d’hommes qui prennent leur mercredi, mais faire en sorte que celui qui veut prendre cet aménagement puisse le faire dans le cadre d’un dispositif identique et respectueux de sa condition d’homme. »

La politique de L’Oréal porte désormais sur la parentalité en général. En 2008 notamment, en se rapprochant de l’association SOS Préma, auteur d’une étude sur l’incidence négative de la maternité sur l’évolution professionnelle, l’entreprise jette les bases de la Charte de la parentalité, qu’elle signe en pionnière en avril 2008.

Dans la lignée de ces résolutions de principe, l’Oréal met en place une offre de places en crèche réservées aux enfants des salariés. Fin 2011, il y aura 133 berceaux disponibles. Pour faire évoluer le regard que la hiérarchie porte à la maternité et à la paternité, les ressources humaines ont également diffusé l’an dernier un guide destiné à expliquer à 2 000 managers les grandes étapes de la parentalité et à leur rappeler comment accueillir avec bienveillance le rôle nouveau que joueront les jeunes parents. « Il n’est jamais inutile de répéter ces choses-là », déclare Emmanuelle Liévremont. Le document a ensuite été transmis à tous les collaborateurs.

* François Fatoux, Marlies Gaillard, Hélène Roques, Le Cherche Midi, 2010.

L’ORÉAL

• Activité : industrie cosmétique.

• Effectifs : 12 000 salariés en France, 66 600 dans le monde.

• Implantations : une quarantaine de sites en France.

• Chiffre d’affairesmondial 2010 : 19,5 milliards d’euros.

Auteur

  • D. A.