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Enquête

« La parentalité est aussi un enjeu de performance pour l’entreprise »

Enquête | publié le : 13.09.2011 | EMMANUEL FRANCK

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« La parentalité est aussi un enjeu de performance pour l’entreprise »

Crédit photo EMMANUEL FRANCK

E & C : Afin de réaliser l’égalité professionnelle, vous préconisez d’impliquer davantage les hommes dans leur paternité. La société française y est-elle prête ?

B. G. : Lorsque j’ai proposé, dans un précédent rapport, d’instaurer un quota de femmes dans les conseils d’administration, je pensais que la société n’était pas tout à fait prête. Or aujourd’hui, il y a une loi. S’agissant du partage des responsabilités familiales, il faut prendre conscience d’un double mouvement qui traverse la société française : d’une part, l’insatisfaction des femmes, qui en font beaucoup et, d’autre part, la volonté des hommes d’être actifs dans leur paternité.

E & C : Les entreprises joueront-elles le jeu ?

B. G. : Il y a des résistances de la part des employeurs, qui considèrent que l’exercice de la parentalité est contraire aux intérêts de l’entreprise. Toutefois, je constate que de grandes entreprises s’engagent ; il est vrai qu’elles disposent de davantage de souplesse pour s’organiser que les PME. Les entreprises ont tout intérêt à traiter sérieusement de la parentalité, notamment masculine. Ce n’est pas seulement une question d’égalité, mais aussi un enjeu de performance. Les entreprises ne peuvent pas avoir des salariés performants si elles ne prennent pas en compte les interdépendances dans lesquelles ils se trouvent et ne recherchent pas leur équilibre.

E & C : Pour que la négociation conjugale sur l’investissement parental soit équilibrée, ne faut-il pas développer l’offre de garde ?

B. G. : C’est fondamental, sinon, la charge des enfants échoira de nouveau à la mère. Ce n’était pas l’objet de mon rapport, mais j’y souligne néanmoins que l’offre est insuffisante d’environ 350 000 places. J’attire également l’attention sur le désinvestissement de l’Éducation nationale pour l’accueil des enfants de moins de 3 ans.

E & C : En Suède, que vous citez en exemple, la moitié des pères prennent leur congé parental en même temps que la mère, ce qui n’est pas propice à un rééquilibrage…

B. G. : « Mère toujours, père d’été »: les Suédois ne prennent pas toujours leurs congés pour mieux partager le temps parental avec les mères mais selon leurs besoins professionnels. C’est pourquoi j’avais envisagé, dans une première version de mon rapport, d’interdire au père de prendre son congé de paternité en même temps que la mère. J’y ai toutefois renoncé par crainte de trop heurter les mentalités.

E & C : Quelle sera la suite donnée à votre rapport ?

B. G. : Roselyne Bachelot-Narquin, ministre des Solidarités, a annoncé avant l’été qu’elle souhaitait engager une concertation avec les partenaires sociaux, notamment sur certaines propositions de mon rapport. Ces derniers se sont engagés à intégrer les questions d’égalité et de parentalité dans une négociation sur la qualité de vie au travail.

* Auteure d’un rapport sur “l’égal accès des femmes et des hommes aux responsabilités professionnelles et familiales dans le monde du travail”, Igas, juin 2011.

Auteur

  • EMMANUEL FRANCK