Areva, qui emploie 80 % d’hommes parmi ses 28 000 salariés en France, se distingue par sa politique active en faveur de la parentalité masculine. « Nous souhaitons casser les stéréotypes qui voudraient par exemple que le congé parental ou le temps partiel soient uniquement réservés aux femmes », déclare Philippe Thurat, directeur de la diversité et de l’égalité des chances d’Areva. En juin dernier, lors d’une journée européenne sur la diversité consacrée à la parentalité, le groupe a présenté des témoignages d’hommes salariés à temps partiel ou en congé parental pour tenter de faire changer les mentalités.

Mais en pratique, malgré un accord d’entreprise signé en 2010 sur l’égalité professionnelle – plutôt complet en matière de parentalité – et un système de compte épargne temps (une semaine par an, plafonné à dix ans), qui peut notamment être utilisé pour compléter le financement d’un congé parental, les mentalités n’évoluent guère : sur 100 congés parentaux pris en 2010, seuls 10 ont été demandés par des hommes…

Dans une entreprise d’ingénieurs comme Areva, l’absence liée au congé parental ou au temps partiel resterait-elle perçue comme un frein à la carrière des hommes ? Pour tenter de répondre à la question, le leader du nucléaire français expérimente depuis deux ans, dans un établissement du groupe à Lyon, un autre système de temps partiel. Un accord d’entreprise offre ainsi la possibilité aux 1 100 salariés du site de regrouper leur temps partiel pendant les périodes de vacances scolaires. Avant que soit dressé un bilan quantitatif, les premiers retours semblent encourageants du côté des pères : « Dans l’inconscient des hommes, ne pas travailler le mercredi pour s’occuper des enfants semble incompatible avec des responsabilités managériales. En revanche, s’absenter pendant les vacances scolaires leur paraît moins pénalisant. Cette souplesse du temps partiel les intéresse et les incite davantage à s’impliquer dans la vie parentale », relève Philippe Thurat. Areva réfléchirait à généraliser cette formule à l’ensemble des entités du groupe.

Le congé de paternité, pendant lequel la rémunération est maintenue aux termes d’un accord d’entreprise, est, quant à lui, entré dans les mœurs, puisqu’il est pris dans 97 % des cas.

Afin d’encourager la parentalité au sens large, le groupe a, dans son accord sur l’égalité professionnelle, formalisé les entretiens proposés par la hiérarchie avant et après le retour d’un congé lié à la parentalité. En 2010, un guide d’entretien recensant différents points de vigilance (sur la charge de travail en cas de demande de temps partiel, sur la rémunération qui doit intégrer les augmentations générales pendant un congé de maternité ou d’adoption, sur l’étude des besoins de formation ou l’organisation en cas d’horaires décalés) a été diffusé auprès des RH et sur le site intranet du groupe afin d’outiller les managers.

Selon Areva, cet outil aurait permis d’augmenter de 20 % le nombre d’entretiens réalisés à l’issue d’un congé maternité, parental ou d’adoption (60 % d’entretiens réalisés sur 200 salariés concernés en 2010, contre 40 % avant la diffusion du guide).

En outre, Areva offre des jours de congés à ses salariés parents pour faire face à certaines contraintes de la vie familiale : deux jours par an par enfant malade et deux jours supplémentaires en cas d’hospitalisation d’un enfant.

L’entreprise fait également partie du Club crèches & entreprises lancé par le gouvernement en février 2010 pour développer les crèches d’entreprise. Areva dispose aujourd’hui de 10 crèches en France (300 places au total) afin de proposer des solutions de garde de proximité aux salariés parents.

• Activité : nucléaire.

• Effectif : 48 000 salariés dans le monde.

• Chiffre d’affaires en 2010 : 9,1 milliards d’euros.