Les innovations technologiques ont fortement réduit les pénibilités physiques au travail et, dans l’ensemble, celui-ci est devenu plus intéressant et plus intellectualisé (plus d’autonomie, plus de responsabilisé). Cependant, les exigences de compétitivité ont souvent conduit à revoir à la hausse la productivité individuelle, faisant porter la pression sur les individus, avec les conséquences parfois dramatiques que l’on sait en termes d’augmentation des risques psychosociaux.
Au-delà de la description des formes actuelles de la violence au travail, des sociologues, issus du réseau thématique “Travail, organisations, emplois” de l’Association française de sociologie, recherchent des explications à celles-ci dans les conditions de travail et d’emploi elles-mêmes. La première cause est à l’évidence structurelle : elle réside dans les nouvelles exigences économiques et les organisations du travail qui y sont liées. Mais le progrès technologique a lui aussi contribué à augmenter sans cesse les rythmes, tandis que les relations sociales au travail étaient également modifiées : relations plus horizontales et fonctionnelles, moindre protection des salariés par rapport aux demandes des clients et usagers et modification des rapports entre collègues.
Au vu de ces différents paramètres, la violence au travail n’est pas une mais multiple. La forme la plus inattendue étant peut-être la violence qui naît aujourd’hui des rapports fonctionnels entre les collègues, susceptible d’entraîner des blessures psychologiques d’autant plus insidieuses et dangereuses qu’elle constitue le quotidien du salarié.
La Violence au travail
Sous la direction de Marnix Dressen et Jean-Pierre Durand, Octarès, 394 pages, 27 euros.
