A l’origine de la démarche de Konica Minolta, la difficulté à trouver sur le marché de l’emploi suffisamment de commerciaux. Ces derniers représentent la moitié des embauches annuelles de l’entreprise, soit une centaine chaque année. Après avoir entendu parler du recrutement sans CV proposé par l’Apec, la DRH s’est mise en relation avec l’intermédiaire de l’emploi afin d’adapter la méthode à ses exigences. Dans ce processus, la candidature se traduit par des réponses à un questionnaire, sans CV ni lettre de motivation pour l’accompagner. « Le questionnaire a été construit en amont avec l’Apec et des chefs de vente de Konica Minolta, explique Julie Applincourt, directrice recrutement, formation et évolution professionnelle de l’entreprise. L’idée étant que les problématiques RH liées au recrutement soient en phase avec les questions que se posent les opérationnels sur le terrain. »

À l’arrivée, un document en 30 questions, mêlant des thématiques générales (« Quelle serait pour vous la structure idéale de votre rémunération ? ») à des thématiques métier (« Comment vous représentez-vous le quotidien d’un ingénieur commercial au sein de Konica Minolta ? »). Une fois finalisé, le questionnaire a été mis en ligne sur le site de l’entreprise, et annoncé sur plusieurs sites d’emploi spécialisés. Deux vagues de recrutement ont été réalisées en 2010. À chaque fois, le questionnaire est resté en ligne une quinzaine de jours, et a recueilli une centaine de réponses. L’Apec a ensuite sélectionné les candidats sur la base de filtres proposés par la DRH. Des filtres assez larges pour que les profils atypiques entrent dans le processus de recrutement.

« Plusieurs candidats étaient des personnes que nous n’aurions pas forcément convoquées au premier entretien à partir de leur CV, précise la responsable RH. Il s’agit de personnes qui n’ont pas les diplômes requis ou qui manquent d’expérience dans la vente en B to B. Certains profils de ce type ont été recrutés. »

Le CV ne disparaît pas pour autant du processus de recrutement. Il est demandé généralement lors du second entretien, face à l’opérationnel et, en tout état de cause, lors de la constitution du dossier d’embauche. Chaque campagne de recrutement sans CV a abouti à un ou deux recrutements effectifs. Un résultat qui ne décourage pas l’entreprise : « Nous n’avions pas d’objectifs chiffrés, et l’opération est un succès pour les profils atypiques », souligne Julie Applincourt. La direction reconnaît cependant que ce type de recrutement n’a d’intérêt que si la population visée représente une part importante des embauches. Quant au coût, il serait vite amorti par le fait que le questionnaire peut être réutilisé ad libitum. Dans les faits, le contenu a été légèrement révisé entre les deux vagues de recrutement, afin d’éliminer les questions jugées non pertinentes au vu des réponses des candidats.

Au-delà de la diversification du sourcing, ces campagnes ont eu un impact non négligeable sur la façon de recruter. « Nous pouvons dire que les mentalités évoluent doucement, notamment chez les opérationnels. Dans certaines régions, ils acceptent aujourd’hui plus facilement de regarder les CV moins formatés que nous leur faisons parvenir », indique Julie Applincourt.

Fort de cette expérience, Konica Minolta a souhaité transposer le concept à la population des techniciens des services clients. Entre 20 et 30 personnes sont recrutées sur ces fonctions chaque année. Lancée début 2011, cette campagne n’a pas eu le succès escompté : « Nous n’avons réalisé aucune embauche sur les 80 candidatures reçues ; nous nous demandons si la méthode du questionnaire est adaptée à ces personnes, qui ont peut-être moins l’habitude de s’exprimer par écrit », indique Julie Applincourt.

En attendant une meilleure appréhension des spécificités de recrutement des techniciens, l’entreprise a prévu dès à présent une campagne de recrutement sans CV pour les commerciaux.

• Activité : Impression et traitement d’images

• Effectif : 1 100 personnes en France.

• Chiffre d’affaires 2009-2010 : 268 millions d’euros.