La liste des métiers en tension ouverts aux travailleurs étrangers a été réduite de moitié depuis un décret publié le 12 août dernier. Désormais, les employeurs pourront demander des autorisations de travail, sans que la situation de l’emploi ne leur soit opposable, pour des salariés extracommunautaires dans 14 familles de métiers en « difficulté de recrutement » : téléconseil et télévente, conception et dessin de produits mécaniques… Mais exit les chefs de chantier et conducteurs de travaux du BTP, ou encore les informaticiens – des emplois pourtant plus difficiles à pourvoir que la moyenne d’après les données de Pôle emploi.

« Le BTP dépend largement de l’immigration et sera le premier secteur de la reprise, prévient El Mouhoub Mouhoud, professeur d’économie à Dauphine. Et le gouvernement a retranché le seul aspect intéressant de la première liste – la ventilation des métiers par région – qui pouvait permettre de compenser la non-mobilité des travailleurs en France, dont pâtissent de nombreuses zones d’emploi. »

Toutefois, les effets de cette liste établie en 2008 ont sans doute été très limités, d’autant que des accords bilatéraux signés par la France avec des pays comme la Tunisie ou le Sénégal comportent des listes de métiers plus importantes. Cette modification devrait donc seulement rendre la liste « encore moins opérante qu’avant », estime l’économiste.