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AllemagneL’ENTREPRISE S’ADAPTE AUX BESOINS DES SALARIÉS PARENTS

Pratiques | International | publié le : 19.07.2011 | MARION LEO

L’entreprise sidérurgique Arcelormittal Eisenhüttenstadt a pris plus de 60 mesures pour aider ses salariés à concilier emploi et famille.

Jürgen Peschel, 55 ans, sait de quoi il parle. Ses quatre enfants sont grands, mais il n’a pas oublié l’importance d’un mode de garde digne de confiance, et le rôle clé de conditions de travail tenant compte des besoins des parents. Responsable de la formation des apprentis à Arcelormittal Eisenhütten­stadt, une entreprise sidérurgique située dans le Brandebourg (ex-RDA) près de la Pologne, Jürgen Peschel est également en charge des questions relatives à la conciliation entre vie professionnelle et familiale. Une tâche qu’il relève avec brio. En juin 2010, l’entreprise a reçu, pour la deuxième fois consécutive, le prestigieux certificat “Emploi et famille” délivré par la fondation Hertie, l’une des plus grandes fondations privées allemandes.

L’entreprise, qui emploie près de 3 000 salariés, a été distinguée pour ses mesures (une soixantaine) mises en place pour aider les salariés à concilier emploi et famille. Certaines d’entre elles sont inédites, comme l’“hôtel” pour enfants. Géré par une institution sociale pour travailleurs et subventionné par l’entreprise, cet hôtel est ouvert aux enfants des salariés en cas d’urgence, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. « L’hôtel n’a pas pour objectif de remplacer les jardins d’enfants, qui sont ici très nombreux, mais d’apporter une aide ponctuelle aux parents en difficulté et de supprimer leur mauvaise conscience. Ils savent qu’ils ont une solution en cas de problème », explique Jürgen Peschel. Outre cet hôtel, Arcelormittal Eisenhüttenstadt propose également des primes à la naissance, des aides financières pour payer la garde d’enfants, un service de consultation spécialisée au sein de l’entreprise, etc.

Réduction du temps de travail

Mais la mesure la plus importante a sans doute été la décision prise en début d’année de réduire le temps de travail hebdomadaire de 35 à 32 heures : « La question du temps du travail joue un rôle central dans la conciliation entre travail et famille. La plupart des gens ne veulent pas d’un mi-temps pour des raisons financières, mais souhaitent travailler environ 30 heures par semaine. Avec 32 heures, nous sommes proches de leurs besoins », poursuit Jürgen Peschel. Autre mesure novatrice : la direction a conclu avec le comité d’entreprise, en janvier dernier, un accord collectif qui oblige les supérieurs hiérarchiques à recueillir les besoins éventuels des salariés lors d’entretiens réguliers.

Selon Jürgen Peschel, l’engagement de l’entreprise relève d’une longue tradition. Au temps de la RDA, 40 % des salariés était des femmes, contre 25 % aujourd’hui. Mais, avec la chute de la natalité dans les années 1990 au lendemain de la réunification et l’émigration de jeunes qualifiés vers l’Allemagne de “l’Ouest”, l’ex-RDA est confrontée à un recul démographique sans précédent. L’entreprise a donc décidé de s’occuper tout spécialement de la relève et d’offrir les meilleures conditions de travail pour attirer de nouvelles recrues. Objectif principal : se présenter comme un employeur attractif.

Se présenter comme un employeur attractif

Comme Arcelormittal, les entreprises allemandes sont de plus en plus nombreuses à prendre des mesures en faveur de la conciliation travail et famille et ce pour différentes raisons. D’une part, l’offre de garde d’enfants est encore très faible outre-Rhin (à l’exception de l’ex-RDA). À l’heure actuelle, seuls 20 % des enfants de moins de 3 ans sont gardés hors domicile. D’autre part, l’Allemagne est confrontée à une pénurie de main-d’œuvre qualifiée de plus en plus criante dans certains domaines (ingénieurs, médecins, etc.), et les entreprises redoublent d’efforts pour retenir ou attirer les meilleurs spécialistes du monde entier.

Enfin, un dernier aspect motive tout particulièrement les entreprises. La ministre du Travail, Ursula von der Leyen, a été sans équivoque : si les entreprises n’arrivent pas à augmenter le taux de femmes aux postes de direction sur une base volontaire, le gouvernement sera contraint d’imposer un quota légal de 30 % de femmes. En aidant leur personnel à mieux concilier emploi et famille, les entreprises espèrent ainsi augmenter leur proportion de femmes cadres et éviter un quota qu’elles rejettent catégoriquement.

Auteur

  • MARION LEO