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« La convivialité nécessite un minimum d’authenticité »

Enquête | publié le : 19.07.2011 | V. L.

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« La convivialité nécessite un minimum d’authenticité »

Crédit photo V. L.

E & C : Quelle définition donnez-vous de la convivialité ?

M. T. : C’est la capacité à vivre ensemble, qui implique à la fois du respect et de la distance entre les salariés. Dans l’entreprise, on travaille toujours avec quelqu’un, donc la convivialité est la quintessence même du travail : il ne faut pas la prendre comme un “plus”. Dans la réalité, ce n’est pas inné, mais il ne faut pas systématiquement attribuer la responsabilité d’une mauvaise ambiance ou d’un manque de convivialité aux managers. Cette responsabilité est collective. Le plus souvent, les situations délicates sont vécues avec les collègues avec lesquels les salariés n’ont aucun lien de subordination.

E & C : Qu’apporte-t-elle dans la sphère de l’entreprise ?

M. T. : On observe un lien entre la qualité perçue des relations et l’implication, même s’il faut rester prudent, car il existe des endroits où la convivialité est forte et où il existe une grande entente pour ne pas faire grand-chose ! Mais, à un moment où le stress et la souffrance au travail sont des sujets de préoccupation, il faut souligner l’avantage de la convivialité, qui est le meilleur antidote à ces sentiments. Et les salariés vivent plus de convivialité au travail qu’ils ne le disent : pour beaucoup d’entre eux, c’est le seul lieu du vivre-ensemble, un lieu permettant de se ressourcer. Car, en milieu urbain, la solitude est un phénomène réel. Elle peut également être un moyen d’impliquer et de fidéliser, mais ce ne doit pas être l’objectif premier. Il est indéniable que beaucoup de personnes ne quittent pas leur entreprise car ils s’y sentent bien, en apprécient l’ambiance. Quand on les interroge, ils disent ne pas aimer l’entreprise mais ils aiment bien la leur.

E & C : Quelles sont les limites de la convivialité ?

M. T. : Il ne faut surtout pas se situer sur le terrain de l’obligation et il faut un minimum d’authenticité. Si des événements festifs et conviviaux sont organisés, mais que le reste de l’année, l’entreprise porte des valeurs et crée des conditions de travail qui vont à l’encontre d’un climat favorable à de bonnes relations entre les salariés, ils auront l’impression d’être trompés. Par ailleurs, j’ai été surpris que des initiatives comme celle du meilleur employé de l’année, qui pouvait me sembler absurde de prime abord, relevait parfois d’une réelle authenticité quand on analyse la perception des salariés concernés. Il faut donc être pragmatique.

E & C : Qu’est-ce qui manque à l’entreprise aujourd’hui pour favoriser de bonnes relations interpersonnelles ?

M. T. : Dans les formations au management, il faudrait davantage développer la dimension de la relation à l’autre. Beaucoup de managers ne se rendent pas compte de l’impact de leurs attitudes. La politesse “de base” – savoir dire bonjour, merci – facilite la convivialité, or elle n’est pas évidente pour tous. Le travail et la manière de travailler ensemble, cela ne va pas complètement de soi et cela s’apprend.

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  • V. L.